Jour 1 : mardi 12 septembre 2017

Traversée entre deux îles

5.6 km

Cela fait déjà 15 jours que nous profitons du soleil entre la plage et la piscine, dans des endroits plutôt agréables : nous nous serions presque habitués à ce rythme de vacances ! Il est temps donc de se secouer pour repartir à l’aventure.

Après une journée éreintante de transports pour rejoindre Bali depuis Gili Trawagan et un repas au KFC pour nous réconforter, nous avons passé la nuit à Denpasar dans un hôtel situé près de la gare routière de Ubung. Cela nous permet de la rejoindre à pied ce matin pour prendre un bus local. Dès notre arrivée, nous sommes achalés par les locaux qui veulent nous vendre leurs tours. Nous réussissons à les remercier poliment et à nous diriger directement vers les chauffeurs de bus. Après négociation [40,000 IDR par personne], nous en prenons un en direction de l’extrémité ouest de l’île : la ville de Gilimanuk. Ce n’est pas tant cette dernière qui nous intéresse mais son port, que nous atteignons après quatre heures de route.

Nous achetons nos tickets [6,500 IDR par personne] au guichet pour monter à bord du ferry reliant l’île de Bali à l’île de Java. La traversée se fait en 45 minutes : l’originalité est que nous changeons de fuseau horaire pour gagner une heure.

Fraîchement débarqués au port de Ketapang, nous rejoignons notre guesthouse se situant à quelques mètres. Nous avons choisi donc de ne pas loger à Banyuwangi, ville principale, car elle ne présente pas plus d’intérêt pour réaliser le but de notre visite dans la région : l’ascension du volcan Kawah Ijen. Ici, la nuit tombe à 17h30 : nous dînons et préparons notre excursion du lendemain.

Jour 2 : mercredi 13 septembre 2017

Les derniers préparatifs

8.3 km

Nous n’aimons toujours pas les tours organisés et avons donc décidé de réaliser l’excursion au Kawah Ijen seuls. Cela nécessite toutefois un peu d’organisation.

Objectif 1 : Trouver un moyen de transport

Le plus simple est de se rendre en scooter jusqu’au site. Nous laissons donc nos sacs à la guesthouse et partons louer un deux roues dans les rues de Banyuwangi. Il faut savoir qu’il n’y existe que trois loueurs : nous optons pour Tripoli Tour & Travel chez qui nous essuyons un échec, celui-ci n’ayant plus de moto disponible. Nous traversons alors la ville à pied pour rejoindre le second qui nous propose un véhicule en très bon état pour 75,000 IDR.

Objectif 2 : Faire des provisions pour l’ascension

Après avoir fait le plein [8,400 IDR le litre], nous faisons un arrêt au supermarché pour acheter boissons et grignotines pour le lendemain matin afin de combler une petite faim due à la dépense physique.

Objectif 3 : Rouler jusqu’au village de Licin

Depuis Banyuwangi, il n’y a que 47 kilomètres pour rejoindre le parking du Kawah Ijen mais en pleine nuit, gagner quelques minutes de sommeil est précieux ! Nous avons donc réservé un homestay à Licin, situé à mi-chemin. Nous nous retrouvons donc dans un petit village charmant dont la route est plutôt mauvaise [c’est vraiment cette route qu’il va falloir emprunter cette nuit ?]. La famille qui nous accueille est adorable et nous y dînons tôt.

Objectif 4 : Louer des masques à gaz

Indispensable pour se protéger de la fumée du volcan. À l’entrée du parc, ils sont loués 50,000 IDR l’unité. Le propriétaire de notre guesthouse nous en a proposé au prix de 35,000 IDR : nous avons donc sauté sur l’occasion.

Objectif 5 : Dormir

Nous nous couchons habituellement à 1h00 du matin : cependant cette nuit, c’est l’heure à laquelle nous allons devoir prendre la route. Nous nous couchons à 19h00 dans l’espoir de nous reposer quelques heures.

Jour 3 : jeudi 14 septembre 2017

À l’aventure

14.9 km

C’était à prévoir, nous n’avons réussi qu’à dormir chacun une heure, trop excités à l’idée de l’aventure qui nous attend cette nuit. Nous enfourchons notre scooter à 1h00 pour les derniers 20 kilomètres qui nous éloignent du parking du Kawah Ijen. Il ne fait pas très chaud et nous sommes inquiets car il commence rapidement à pleuvoir. La route pour quitter le village est plus que mauvaise et nous débutons par une petite glissade contrôlée sur le sol mouillé : ça commence bien !

Heureusement, la route principale est, elle, en bon état. Nous ne sommes pas seuls et nous nous faisons dépasser par d’innombrables jeeps. Le chemin est sinueux, il y a beaucoup de poussière dans l’air et nous sentons déjà l’odeur du soufre. Le volcan est là, quelque part dans le noir, mais nous sommes incapables de le localiser : étrange sensation. Heureusement, il s’est arrêté de pleuvoir et nous apercevons au loin les lumières de Banyuwangi.

Une heure plus tard, nous atteignons le parking gratuit [3,000 IDR demandés par personne pour accéder à la route au préalable] où il y a déjà beaucoup de monde. Nous achetons nos tickets d’entrée [100,000 IDR par personne – aucun supplément n’est demandé pour voir les flammes bleues comme nous avons pu le lire parfois – horaires d’accès au parc 1h00 à 00h00] et nous nous lançons sur le chemin.

Nous ne nous attendions pas du tout à trouver des chemins aussi larges et praticables. Benjamin décide de battre un record de vitesse en accélérant le pas et doublant les groupes : nous atteignons ainsi le cratère une heure après, à 3h00. Les particules dans l’air sont nombreuses et nous sommes impressionnés par les silhouettes des falaises qui se dessinent dans la nuit noire. Sur le sol, nous distinguons dans le faisceau lumineux de notre lampe frontale, la couleur jaune si particulière du soufre.

Au bord du cratère, nous distinguons seulement la lueur des fascinantes flammes bleues. Ces dernières sont l’attraction majeure qui vaut le déplacement au Kawah Ijen. Les flammes bleues apparaissent lorsque le soufre à l’état gazeux s’enflamme. Ravis qu’elles soient visibles cette nuit, nous entamons la descente, légèrement plus technique, dans le cratère. Nous sommes dans les premiers à les approcher de plus près après 25 minutes de marche : le spectacle est impressionnant. Nous devons porter nos masques à gaz car le vent ne prévient pas lorsqu’il tourne ! Nous nous sommes retrouvés dans les fumées : ça ne sent pas bon et ça pique fortement les yeux !

Nous remontons tandis que la foule se presse pour descendre et nous longeons le bord du cratère vers l’est afin d’admirer le lever du soleil. Ce point de vue n’est que peu fréquenté car la plupart des groupes restent de l’autre côté à cause de leur timing serré. Nous nous installons face à la ville de Banyuwangi d’où nous observons les contours du littoral. Il nous reste une heure à attendre le lever du soleil qui a lieu à 5h15. Il fait vraiment froid bien que nous soyons couverts. Heureusement, nous avons nos petits encas à grignoter et un paysage incroyable sous les yeux : ça aide à faire passer le temps plus vite !

Le jour se lève petit à petit, les couleurs dans le ciel sont sublimes et nous découvrons ainsi progressivement notre environnement.

Nous nous retournons pour nous approcher du cratère : nous sommes éblouis par la beauté du lieu. Encore dans la pénombre, ce dernier est rempli de fumée mais celle-ci se disperse rapidement, dévoilant ainsi son lac. Sa couleur bleue est si intense que nous y ferions bien un plongeon. Nous nous rappelons alors vaguement de nos cours de physique-chimie et abandonnons cette idée. En effet, cette si jolie couleur est dûe à l’acidité de l’eau et nous réalisons alors que nous nous trouvons au-dessus du lac le plus acide du monde.

Le Kawah Ijen est un volcan encore actif et de type explosif. Il abrite ce que l’on appelle une solfatare. Il s’agit d’une source inépuisable de soufre qui en fait une exploitation minière très importante en Indonésie. Celle-ci est située juste à côté du lac, dans le creux du cratère. Vu d’en haut, nous avons du mal à réaliser que c’est l’endroit où nous sommes descendus quelques heures plus tôt pour admirer les flammes bleues. Nous sommes obligés de remettre nos masques à gaz car le sens du vent nous renvoit les odeurs de soufre.

À 5h45, les lieux se vident déjà et nous nous retrouvons vite seuls au bord du cratère, comme envoûtés par la beauté des lieux. Nous faisons durer le plaisir en restant là et en essayant de graver ce moment dans nos mémoires.

Si les touristes ont vidé les lieux, d’autres ont déjà entamé leur journée de travail. Nous faisons ainsi la rencontre de nombreux porteurs. Régulièrement, les reportages télévisés s’intéressent à ce métier dont les conditions de travail sont réputées comme étant plus que difficiles. Pour un salaire modique, les porteurs font des aller-retours afin de remonter des blocs de soufre extraits de la solfatare dans des paniers nichés sur leur épaule.

Nous laissons le cratère derrière nous pour redescendre vers le parking. Nous empruntons le même chemin qu’à l’aller et sommes hélés par les porteurs qui ont développé une activité parallèle : monter ou descendre les touristes qui ne peuvent, ou ne souhaitent, pas marcher à l’aide de charrettes. Une heure plus tard, nous sommes redescendus sur nos deux pieds.

Sur notre scooter, nous découvrons alors le panorama entourant la route que nous avons empruntée cette nuit : la végétation est sublime et nous avons des vues à couper le souffle sur le volcan. Toutefois, la route de ce côté est extrêmement mauvaise : nous slalomons entre les nids-de-poule. Ce n’est donc qu’à 9h30 que nous retrouvons notre guesthouse pour un copieux petit-déjeuner mérité !

La journée n’est cependant pas finie : nous reprenons vite la route pour Banyuwangi afin de rendre notre scooter à l’agence de location et retrouver le premier homestay où nous avions séjourné. Nous passons le reste de la journée à nous reposer avant de partir demain pour le Bromo. Nous sommes aux anges après cette sublime ascension : c’était la première fois que nous grimpions sur un volcan encore en activité.

Avec ou sans tour organisé ?

Nous sommes heureux de ne pas avoir réalisé cette excursion avec un guide car il s’agit d’une vraie autoroute. Le chemin est large et praticable : il ne présente aucune difficulté à part celle de marcher dans la nuit. Tout le monde se suit, il n’y a qu’un chemin. Seule la descente dans le cratère est un peu plus physique et glissante. Il est important de prévoir de bonnes chaussures de marche : une petite pensée pour la jeune demoiselle que nous avons vu dégringoler et tomber sur ses deux genoux… Définitivement, les Stan Smith ne sont pas des chaussures adaptées !

Nous avons observé trop de guides servir uniquement à ouvrir la route, proposer de faire des pauses ou tenir la main des visiteurs pour descendre dans le cratère. Pour ceux qui hésiteraient encore voici de quoi vous convaincre.

Avantage 1 : Prendre son temps
Nous avons observé le site se vider à vitesse grand V juste après le lever du soleil : en effet, la majorité des groupes doivent être de retour à Banywanguy pour 8h00. Cela signifie de quitter les lieux à 6h00 dernier délai, comme il y a une heure de route pour rentrer. Le soleil ne se lève qu’à 5h15, cela laisse peu de temps, sachant qu’il faut compter une bonne heure pour redescendre au parking.

Avantage 2 : Réaliser des économies
Le prix moyen d’un tour, comprenant l’aller-retour en voiture, un guide, l’entrée du parc et les masques à gaz, est de 400,000 IDR. Il est possible de descendre jusqu’à 300,000 IDR. Le faire en solo permet des économies substantielles. Nous avons payé 390,500 IDR pour deux.

Avantage 3 : La possibilité de s’isoler
Être seul permet de s’isoler très facilement de la foule et vivre son propre tête-à-tête avec le volcan. Cela permet de se rendre à des endroits du cratère qui restent très peu fréquentés. Cela paraît un peu égoïste, mais quel bonheur de s’imprégner des lieux en toute quiétude, sans perche à selfie, avec pour seuls compagnons le vent, la roche et les vapeurs de soufre.