Nous avons fait un séjour plutôt long dans la ville de Phnom Penh, justifié par la nécessité de réaliser nos visas touristiques thaïlandais à l’Ambassade. Ces institutions ne travaillant ni le samedi, ni le dimanche, nous ne pouvions en réduire la durée. Après le calme de Vientiane, nous ne savions réellement pas à quoi nous attendre avec cette nouvelle capitale.

Phnom Penh nous a séduit presque instantanément par son kaléidoscope de contrastes : nous avons donc apprécié passer nos journées à nous promener, toujours à pied, dans ses rues : ses différents quartiers ne se ressemblant en rien. Benjamin a très bien résumé notre sentiment : « j’ai l’impression d’être dans un nouvel endroit » à chaque coin de rue.

Nous sommes arrivés à Phnom Penh un jour important de l’Histoire politique du pays : le 16 novembre, quelques heures seulement avant la dissolution du « Cambodia National Rescue Party », principal parti d’opposition au gouvernement en place. Son responsable était déjà incarcéré depuis plusieurs mois et ses leaders ont été contraints de quitter le territoire de peur d’être également sanctionnés. Cette décision intervient quelques mois avant les prochaines élections et a pour objectif de permettre au gouvernement en place d’y rester. Dans le bus qui nous a conduit de Kratie à Phnom Penh, ce jour symbolique menant le pays vers le parti unique, nous avons subi cinq ou six contrôles du véhicule par la police.

Que faire à Phnom Penh ?

Devoir de mémoire : S-21 et Killing Fields

Venir à Phnom Penh sans se rendre sur ces deux sites historiques, c’est faire abstraction des évènements tragiques qui ont bouleversé le Cambodge, il y a seulement quelques dizaines d’années.

Ces deux visites nous semblent être, en effet, d’une importance capitale pour toute personne en visite dans la capitale : à la fois pour comprendre ce pays, mais surtout pour la « Mémoire du monde ». Ces visites ne sont en rien réjouissantes : elles sont plutôt bouleversantes et dérangeantes. Nous en sommes ressortis abasourdis par les horreurs perpétuées à travers tout le Cambodge pendant les quatre années [1975 – 1979] au pouvoir de Pol Pot et des Khmers Rouges ; dégoûtés par tant de violence humaine.

Nous avons choisi de ne pas nous rendre sur les deux sites la même journée, mais plutôt de fragmenter leur visite sur deux jours, afin de diviser la charge émotionnelle et d’avoir le temps de digérer les informations.

Nous avons passé, dans un premier temps, trois heures dans cet ancien lycée converti en prison et lieu de torture pour 12,000 à 20,000 femmes, hommes et enfants. Connu sous le nom de S-21 ou Tuol Sleng, il était le centre de détention le plus secret du réseau de deux cents prisons localisées à travers tout le pays.

Nous recommandons l’utilisation des audioguides dont le contenu est clair et précis. Sans, nous n’aurions fait que survoler le lieu. Ainsi, nous visitons les quatre bâtiments A, B, C et D, les uns après les autres. Nous passons de cellule en cellule, ne pouvant détacher notre regard des photos en noir et blanc : celles des victimes, qui n’ont pas été détruites par le personnel avant leur fuite ; ainsi que celles prises à la découverte du lieu.

Le troisième bâtiment a été, lui, conservé en l’état. Les cellules individuelles et les cellules collectives sont cachées derrière ce bâtiment dont la façade est recouverte de fils barbelés. Les murs et les sols portent encore les traces des horreurs qui s’y sont déroulées.

[Entrée 5 USD ; audioguide 3 USD avec la possibilité de brancher un casque et une paire d’écouteurs].

Le lendemain, nous avons pris un tuk-tuk [8 USD pour deux l’aller-retour] pour rejoindre le mémorial de Choeung Ek, plus connu sous le nom de Killing Fields et situé à une vingtaine de kilomètres du centre de Phnom Penh.

Le temps est gris et la pluie tombe rapidement, ce qui donne une atmosphère extrêmement poignante aux lieux. Les visages des visiteurs sont fermés, chacun essayant de comprendre comment l’Angkar, signifiant « l’organisation », a pu faire assassiner 25% de la population du Cambodge en quatre années, dont 17,000 personnes sur ce site.

De même qu’à Tuol Sleng, l’audioguide se révèle être un outil indispensable pour comprendre comment ces milliers d’individus étaient conduits de S-21 à cet endroit, puis tués dès la nuit tombée : cela sous les faisceaux de projecteurs et aux sons des chants révolutionnaires censés camoufler les cris des victimes, à l’aide de couteaux, haches, bâtons ou encore feuilles de palmiers [la partie inférieure s’apparente à une lame de scie] – les balles coûtant bien trop cher.

Nous passons devant plusieurs fosses ainsi que devant l’arbre contre lequel les crânes des bébés étaient explosés. La majorité des corps ont été exhumés, bien que d’autres refont surface de temps en temps. Les ossements sont exposés dans un stupa commémoratif.

[Entrée 6 USD avec audioguide inclus]

Errer dans les « Malls »

Nous vous avons déjà parlé de notre passion qui consiste à visiter les centres commerciaux. Cette expérience sociale nous permet de découvrir les marques locales et d’évaluer le coût de la vie d’un pays. Phnom Penh n’a donc pas échappé à la règle !

Le « Aeon Mall » est considéré comme LE super centre commercial ! Il s’agit d’un lieu prisé, notamment par la CSP+ de Phnom Penh. En effet, tout est flambant neuf et propre ici. Les enseignes internationales, boutiques de luxe et food-court [dernier étage] proposent des tarifs plutôt élevés. Pour les fans de fast-food, c’est ici que l’on trouve le Domino’s Pizza et le Burger King. Le supermarché, au rez-de-chaussée, est gigantesque et on trouve à sa sortie de la nourriture à emporter. Bref, nous avons adoré cet endroit !

Le « Pencil » est aux antipodes du premier. Il s’agit plutôt d’un centre commercial d’un autre temps, un semblant de MBK de Bangkok. Toutefois, les échoppes de vêtements sont plutôt attrayantes et l’on doit pouvoir y refaire sa garde-robe en faisant de bonnes affaires.

Le « Paragon » est lui déserté. Seules quelques irréductibles boutiques y sont encore ouvertes, dont le supermarché. Nous avons l’impression d’être dans un film d’horreur avec ses lumières tamisées et ses rayonnages à moitié vides. C’est l’endroit parfait, toutefois, pour trouver des produits de première nécessité avec un plus large choix que dans les petites supérettes.

Marchés & Bazars

Comme toute capitale asiatique qui se respecte, Phnom Penh possède ses marchés et bazars. Nous avons passé près d’une heure à déambuler dans les étroites allées couvertes du marché « Phsar Tuol Tom Pong », mieux connu sous le nom de marché russe. S’il est quelque chose de certain, c’est que l’on n’y trouve aucun objet en provenance de Russie : alors pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que de très nombreux expatriés, dans les années 80, étaient issus de ce pays et venaient réaliser leurs achats à cet endroit.

Le marché russe est donc un bric à brac, réparti sous forme de quartiers : nous y trouvons le coin des tailleurs où les couturiers s’affairent sur leur machine à coudre ; le coin des vêtements manufacturés à prix bon marché ; le coin des quincailleries ; le coin des produits frais et bien d’autres. De nombreux souvenirs sont proposés à l’achat, cependant, rien de vraiment local ici : ce sont des produits que nous avons déjà pu voir un peu partout dans les pays voisins. Benjamin s’extasie sur l’allée des « garagistes ». Nous y observons une quantité inestimable de pièces détachées pour les scooters : des guidons aux moteurs en passant par les rétroviseurs.

Enfin, nous déjeunons sur l’un des quelques stands de nourriture. Contrairement aux souvenirs, c’est ici une expérience bien locale. Les habitants et les vendeurs viennent tous y manger.

Pour poursuivre l’expérience des marchés à Phnom Penh, nous sommes allés au marché central ou « Phsar Thmey », [traduit par « nouveau marché »] comme les cambodgiens l’appellent. Il s’agit d’un immense bâtiment de style art déco, construit en 1937. Il comprend quatre ailes qui se rejoignent toutes au centre, sous un dôme de 26 mètres de hauteur.

L’espace central abrite les bijouteries. Quant aux ailes, nous y trouvons vêtements, quelques rares souvenirs, échoppes de couture, et produits frais.

Ce bâtiment dénote aujourd’hui dans le paysage de la capitale. En effet, il est à présent encerclé par des constructions plus récentes. À l’époque, ce dernier avait été construit à la place d’un lac où les eaux de pluie de la mousson étaient récoltées. Le trafic est très dense dans les rues qui l’entourent.

Monuments & Temples

Lors de nos promenades, nous sommes inévitablement passés devant le Monument de l’Indépendance. Ce monument construit en 1958, pour célébrer l’indépendance du pays vis-à-vis de la France, se situe au milieu d’un rond-point très fréquenté par les automobilistes. En face, une statue du roi Norodom Sihanouk est érigée.

Il y a de très nombreux temples à Phnom Penh : pour certains, l’entrée est gratuite tandis que pour d’autres, elle est payante.

Nous avons pris plaisir à déambuler entre les statues de Bouddha et les stupas du Wat Ounalom. Construit en 1422, le temple est un haut lieu du bouddhisme cambodgien et a subi de très nombreuses destructions, sous le régime des Khmers Rouge dont notamment sa bibliothèque. Le temple abriterait une relique de Bouddha : un poil de son sourcil. Nous y avons fait la rencontre d’un moine qui nous a béni et remis un « sai sin », tout comme à Chiang Mai : mais celui-ci est de couleur rouge et intégralement tressé. [Entrée gratuite]

Nous avons pris le temps d’aller jusqu’au Wat Phnom. Ce temple a la particularité d’être situé sur une colline, au milieu d’un rond-point. Le contraste est donc saisissant entre le calme qui y règne et les bruits des véhicules qui en font le tour. Il s’agit de la plus vieille pagode bouddhiste de Phnom Penh, construite en 1373. Toutefois, le bâtiment visible aujourd’hui date, lui, de 1926. Nous y accédons par un escalier principal et admirons les fresques et statues de Bouddha à l’intérieur du temple. [Entrée 1 USD]

Nous avons passé une heure au Wat Langka car nous avons participé à l’une des leçons de méditation, organisées par les moines de ce temple. Lorsque nous arrivons dans la salle principale, le silence règne et quelques moines sont déjà en pleine séance. Nous nous installons, avant d’être accueillis par l’un d’eux qui nous remet un guide. À travers la lecture silencieuse de ce dernier, nous apprenons les différentes postures ainsi que la technique de méditation. Nous n’avons plus qu’à pratiquer ensuite : l’exercice n’est vraiment pas aisé !

[Participation gratuite, le lundi, jeudi, samedi de 18h00 à 19h00 ; dimanche de 8h30 à 9h30. Venir avec les jambes et les bras couverts].

Dans la catégories Monuments & Temples de Phnom Penh, il y a bien évidement le Palais Royal et la Pagode d’Argent, situé à l’intérieur de l’enceinte du premier. Les avis sont très mitigés sur cette attraction quant à la quantité d’espaces visitables par rapport au prix d’entrée de 10 USD par personne. Grâce à Maëlle et Xavier qui nous ont précédés, nous avons appris que des travaux étaient en cours dans les espaces extérieurs : nous avons donc décidé de ne pas visiter ce monument d’architecture khmère, de peur d’être déçus après la visite du Palais royal de Bangkok. Toutefois, une partie est visible depuis le quai Sisowath. Attention aux horaires d’ouverture !

Enfin, le National Museum peut être une visite à intégrer à sa to-do list lors d’un séjour à Phnom Penh : il est possible de la réaliser à la suite de celle du Palais Royal car les deux lieux sont situés à quelques mètres l’un de l’autre [10 USD l’entrée par personne].

Sur les traces du film Diamond Island

Quelques semaines avant notre départ en tour du monde, avec mon frère Thomas et Benjamin, nous sommes allés voir le film franco-cambodgien « Diamond Island ». Nous avons pu suivre les aventures de Bora, un jeune cambodgien qui quitte son village natal pour aller travailler sur un chantier situé sur l’île éponyme, avant de se mêler à la jeunesse dorée du pays.

Diamond Island est donc le nom d’une île faisant face à la ville de Phnom Penh, à laquelle on accède par trois ponts. Après avoir été délaissé, cet espace est le nouvel eldorado des promoteurs immobiliers. Tout comme dans le film, les ouvriers de chantiers peuplent de jour l’endroit et vivent dans des baraquements préfabriqués au pied des tours. Le contraste est frappant d’un côté à l’autre de la rive car il n’y a point de marchands de rues ici.

Les chantiers poussent comme des champignons pour faire de Diamond Island LE quartier huppé de la ville. Nous y découvrons un quartier ultra-sécurisé dont le nom évoque directement la clientèle visée : « Elite Town » !

Toutefois, les constructions déjà terminées sont en partie abandonnées, à l’image de la fête foraine au nord de l’île. Le lieu ressemble à un no man’s land où nous n’aimerions pas nous promener à la nuit tombée.

Quant aux constructions en cours, elles nous semblent plus mégalos les unes que les autres : une réplique du Marina Bay Sands de Singapour, un Arc de Triomphe, des bâtiments avec des dômes ressemblant étrangement aux constructions parisiennes, des statues gréco-romaines…

Une promenade que nous avons trouvée très instructive. Nous sommes réellement curieux de voir le résultat lorsque les camions et grues auront plié bagages.

Se promener dans les rues de Phnom Penh

La promenade à pied n’est pas toujours agréable lorsque les trottoirs sont défectueux ou que les passages piétons ne sont là que pour le décor. Toutefois, il s’agit du meilleur moyen de découvrir la vie locale et ses habitants.

Les rues de Phnom Penh sont bondées et animées, quelque soit l’heure de la journée. Il est intéressant de s’enfoncer dans les quartiers qui ne sont pas touristiques et d’observer les locaux dans leur quotidien.

Nous avons beaucoup apprécié marcher le long du Mékong, sur le quai Sisowath où les drapeaux flottent au vent. Nous y avons contemplé également la navigation sur le fleuve où navires marchands et embarcations précaires s’y côtoient.

Où dormir à Phnom Penh ?

Nous voulions être capables de nous déplacer à pied pendant notre séjour, nous avons donc choisi une guesthouse à quelques centaines de mètres du Palais Royal, mais toutefois pas située en plein quartier touristique. Nous avons logé, en chambre double avec salle de bain privative, à la « Sovanphum Villa » pour 14 USD. Nous recommandons sans hésitation cet hôtel de six chambres et un dortoir. L’endroit est calme [sauf lorsque les enfants des voisins hurlent de bon matin], propre, l’eau est chaude et le Wifi excellent !

Où boire et manger à Phnom Penh ?

Le risque en logeant proche du Palais Royal est de ne trouver dans le quartier que des restaurants touristiques, avec des prix pour touristes. Nous avons dégoté quelques bonnes adresses offrant des tarifs convenables,  pour le budget de tourdumondistes, mais ne négligeant toutefois pas la qualité.

Boire une bière pression : nous recommandons le Kabbas. Le service est top, l’ambiance est cozy et la bière est vendue 0.50 USD les 330 ml.

Pour le petit-déjeuner : quoi de mieux que de déguster de copieux et délicieux sandwiches au pâté pour 1.50 USD l’unité ? Le restaurant local [sans nom, situé sur la rue Samdach Preah Thoamak Lekhet Ouk St 184 entre les restaurants Pizza factory et le Rachana 2 avec une enseigne verte et des serveuses habillées avec un t-shirt vert] en propose de 7h00 à 19h00. Leur plancha de bœuf à 1.75 USD est également un régal.

Pour une petite faim sucrée : dans cette même rue, une marchande est installée, de façon permanente, avec son stand de rue. Elle propose des petits pancakes fourrés à plusieurs parfums pour 0.25 USD l’unité.

Pour une petite soif : de nombreux stands de rue proposent des jus de canne à sucre pour 0.25 USD. Ils sont facilement reconnaissables car les cannes à sucre dépassent de leur presseuse.

Pour le dîner : un monsieur est installé avec son stand de rue entre le Kabbas restaurant et le temple Ounalom sur la rue Preah Ang Eng St 13. Sa famille cuisine du riz frit et des nouilles sautées pour 1.50 USD le plat. Le Lok Lak, vendu 2.50 USD, est très bon. On déguste le tout assis sur des tables basses et tabourets en plastique.

Pour le déjeuner : rendez-vous au marché russe sur les quelques stands de nourriture. Nous y avons goûté des pâtes sautées, très bien cuisinées, pour 1.50 USD.

Comment venir à Phnom Penh ?

Phnom Penh est une ville assez centrale d’où il est possible d’arriver de tout le pays, mais également de partir vers l’ensemble des destinations touristiques du Cambodge.

Nous sommes arrivés de Kratie en VIP Minibus en quatre heures et quart pour 8 USD par personne. Il existe également des bus [8 USD] et des Minibus locaux [7 USD]. Pour organiser vos déplacements depuis Phnom Penh, nous recommandons l’agence « Happy Travel », située dans le quartier touristique, derrière le Palais Royal de Phnom Penh, au pied de la guesthouse « Bamboo ». Nous avons fait appel à leurs services pour deux de nos trajets et avons été très satisfaits de l’organisation ainsi que des tarifs pratiqués. Comptez 6 USD par personne pour rejoindre Kep en bus et 8 USD pour rejoindre Siem Reap. En venant de Sihanoukville, nous avons payé 12 USD par personne en minibus VIP.

en un clin d’oeil…

Où dormir ?

SOVANPHUM VILLA

Classé #110/277 sur tripadvisor

12.25 € la nuit en chambre double avec salle de bain privative. Excellente localisation !

Où manger ?

Pour le dîner : un monsieur est installé avec son stand de rue entre le Kabbas restaurant et le temple Ounalom sur la rue Preah Ang Eng St 13. Sa famille cuisine du riz frit, des nouilles sautées et du Lok Lak pour moins de 2.50 USD. On déguste le tout assis sur des tables basses et tabourets en plastique.

Comment s'occuper ?

S-21 et Killing Fields
Aeon Mall
Marché russe et Marché central
Wat Ounalom, Wat Phnom, Wat Langka
Palais Royal et National Museum
Diamond Island
Quai Sisowath

Combien ça coûte ?

Bus Kratie → Phnom Penh : 8 USD
Bus Sihanoukville → Phnom Penh : 12 USD
Bus Phnom Penh → Kep : 6 USD
Bus Phnom Penh → Siem Reap : 8 USD
Bière : 0.50 USD
Eau 1.5L : 0.40 USD