Après vous avoir livré nos différentes émotions et impressions à la suite de notre retour de voyage autour du monde, nous nous avons eu envie de vous proposer un dossier complet sur le sujet de la « gestion du retour ». Nous sommes donc partis à la rencontre d’autres voyageurs afin qu’ils nous livrent leur expérience.
Pour ce troisième interview, Morgane et Tom ont eu la gentillesse de répondre à nos questions. Vous pourrez retrouver leurs aventures plus en détails sur leur blog : http://www.histoiresdevoyages.com
Quelques lignes de présentation
Nous, c’est Morgane et Thomas, deux habitants de Nantes. Nous sommes partis en Australie début 2014, mais séparément [Morgane à Melbourne et moi à Brisbane]. Nous sommes rentrés en Juin 2016.
Nous sommes partis pour des raisons différentes. Morgane avait besoin de faire un break et de prendre un peu de recul sur sa vie : l’une de ses sœurs étaient déjà en Australie en visa vacances/travail, donc c’était rassurant pour elle d’aller là-bas. Quant à moi, j’ai toujours voulu repartir vivre à l’étranger pour vivre de nouvelles aventures. J’avais déjà voyagé dans pas mal de pays, et j’avais vécu quelques mois en Irlande pendant mes études. Lorsque j’étais rentré en France, je m’étais promis de repartir un jour plus longtemps.
À la base, Morgane devait partir seulement un an, et moi je partais pour une durée indéterminée. Mais au début de notre voyage, nous nous sommes assez vite rejoints [nous nous connaissions depuis longtemps], et nous ne nous sommes plus quittés depuis !
Je n’aurais pas dit non pour rester vivre en Australie, mais ça devenait difficile pour Morgane d’être autant éloignée de sa famille et de ses proches.
Comment vous êtes-vous sentis après votre voyage autour du monde ?
C’est un peu le tourbillon des sentiments quand on rentre après 27 mois de voyage ! Tout d’abord, on est triste de quitter une vie faite de nouvelles rencontres, d’aventures, de découvertes et de liberté mais aussi excité à l’idée de revoir nos familles, nos amis, et tous les lieux que l’on a quittés.
Une fois rentré, on se sent un peu avalé par tout ce monde à revoir, ces endroits où se rendre et ces démarches administratives à accomplir. Tout cela va très vite, c’est un peu déroutant. Ensuite, c’est un vrai bouillon de sentiments. On se sent souvent en décalage par rapport aux gens que nous avons laissés derrière nous 27 mois plus tôt. Nous avons tous avancé dans nos vies respectives, mais de façons parfois très différentes. Certaines amitiés se sont perdues, d’autres sont retrouvées, d’autres ont bien changé. Ce n’est pas forcément très évident à gérer, et il faut apprendre à accepter de lâcher prise sur des choses que l’on pensait acquises depuis longtemps. Mais notre éloignement et nos changements personnels ont remis beaucoup de choses en perspective.
Au niveau personnel, nous sommes devenus bien plus sensibles aux questions sociales et écologiques par exemple. Il y avait des prémices de cela en chacun de nous deux, surtout chez Morgane, qui a des parents et une famille assez ouverte sur les questions de l’écologie et de l’économie locale. Chez moi, je pense que le changement a été plus grand. J’étais plutôt d’une formation et d’une culture capitaliste et libérale, avec une famille issue des classes moyennes, aux origines catholiques.
À notre retour en France, Morgane m’avait donné une excellente idée de projet professionnel : ouvrir une épicerie vrac dans Nantes, pour y vendre des produits bios, locaux et zéro déchet. On en était alors au début de ce mouvement à Nantes, et une première boutique s’était ouverte un mois après notre retour dans le centre-ville. Cela semblait être une bonne idée, donc j’ai commencé à travailler sur ce projet.
5 mois plus tard, ce projet est tombé à l’eau faute de temps et d’argent, malgré une tentative de m’associer avec une autre porteuse de projet qui avait les mêmes objectifs que moi. Cela a été une déception assez forte pour moi à gérer.
Je suis donc de nouveau commercial, un métier que j’avais quitté en même temps que la France. Les débuts à mon travail ont été assez dur car je devais renoncer à certains de mes principes pour m’en accommoder.
Le blues du retour : info ou intox ?
Oui, il est bien réel et on l’a tous les deux eu ! Cependant, il ne nous a pas du tout affecté de la même manière. Morgane étant la personne motrice sur le retour en France, et comme elle a réussi à faire le métier qu’elle voulait, il a été plus facile pour elle de se plonger dans notre nouvelle vie.
J’avais déjà connu ça à petite échelle à mon retour d’études en Irlande. Mais cette fois-ci, j’ai vraiment eu du mal à me refaire à cette vie en France. Même après 3 ans, j’ai toujours un peu de mal à accepter que je ne suis plus un backpacker. Nous avons un très beau petit garçon d’un an, cela est une vraie aide pour moi, pour m’aider à m’ancrer dans cette vie.
Heureusement, nous avons plein de projets en tête, notamment celui de faire un tour d’Europe en van ou en camping-car quand notre fils [ou nos enfants ???] sera[ont] assez grand[s] pour en profiter.
Avec du recul, referiez-vous les mêmes choix en termes d’organisation, d’itinéraire, de préparation, de budget ?
Nous n’avons pas trop de regrets sur nos voyages, donc oui, je pense que nous referions tout de la même façon.
L’unique regret est peut-être de ne pas avoir pu prendre plus de temps pour voyager en Asie du Sud-Est. Nous nous étions préparés un trip en Birmanie, au Cambodge, au Vietnam et au Laos, mais il nous a fallu faire un choix : soit nous gardions de l’argent pour changer et renouveler l’aménagement de l’appartement de Morgane au retour, soit nous faisions ces trois ou quatre mois supplémentaires de voyage. Ce qui nous a finalement aidé à trancher, c’est qu’il nous restait Darwin et sa région à visiter en Australie. Nous nous sommes tout simplement dit qu’un jour, nous reviendrions dans le coin pour profiter de tous ces endroits magiques !
Niveau budget d’ailleurs, nous avons travaillé pendant seize mois au total en Australie. Cela nous a permis de bien en profiter là-bas, tout en voyageant avec notre van ou des véhicules de location. Puis, nous avons pu mettre de côté le reste pour nos autres voyages et avoir un peu d’argent en rentrant en France. Mine de rien, on peut très bien gagner sa vie en Australie, tout en ayant peu de frais. Par exemple, Morgane gagnait 3 000€ par mois, en faisant 50h de ménage par semaine. Quant à moi, mon dernier boulot de Barista me rapportait 2 000€ par mois, mais je ne travaillais que 24h par semaine… Avec un style de vie peu cher [en coloc, pas d’impôts, pas de frais majeurs], nous avons pu mettre pas mal d’argent de côté.
Que vous a apporté ce voyage ? Etes-vous les mêmes en rentrant ?
Plein de choses ! Déjà, nous. Nous nous connaissions avant de partir, mais c’est seulement pendant notre voyage que notre amitié a évolué. Et bien sûr, de cela est né notre magnifique bébé, Ian. Un futur voyageur peut-être !
Nous sommes clairement différents aussi. Aujourd’hui, nous sommes végétariens, et nous mangeons à 95% de la cuisine végétalienne à la maison. Le plus dur reste le fromage… Nous essayons de réduire notre production de déchets aussi, en faisant le plus possible de courses en vrac, en bio et si possible en local : nous essayons de toujours privilégier les petits artisans et commerçants.
Nous avons vraiment à cœur de nous demander si nos actions peuvent se faire en respectant plus la planète, notre santé, les sociétés que nous croisons. Alors nous sommes très loin d’être parfaits car nous avons plein de paradoxes ! Par exemple, nous prenons encore l’avion, ce qui est une catastrophe d’un point de vue écologique. Mais nous essayons de faire des efforts à notre niveau et de toujours essayer de s’améliorer.
Nous sommes également partis vivre à la campagne. Un retour aux sources pour moi car mes grands-parents sont d’anciens agriculteurs à la retraite. J’ai vécu dans leur ferme pendant quelques années car mes parents avaient racheté leurs anciens bâtiments.
Morgane vient de se lancer dans la permaculture, mais c’est encore trop récent pour en dire beaucoup plus ! Nous espérons pouvoir manger nos premiers légumes cette année.
Une dernière chose, je suis aussi à fond sur notre projet de blog de voyages. J’aimerais y passer plus de temps, mais ce n’est pas encore évident entre mon travail et notre enfant. En tout cas, j’aimerais pouvoir vivre d’activités autour de ce blog d’ici cinq ans peut-être. En attendant, j’ai encore beaucoup de travail et de compétences à développer pour y arriver. Mon but, c’est de pouvoir devenir nomade digital, ce qui pourrait nous permettre de voyager plus, et de travailler différemment.
Envie de repartir ?
Oh que oui ! Pour le moment, nous nous contentons surtout des vacances d’été. Mais nous souhaitons repartir un an avec notre enfant pour faire un tour d’Europe. Peut-être dans 3 à 5 ans ?
Nous le ferions sans utiliser d’avion, à bord d’un beau camping-car ou d’un van aménagé. Cela nous permettrait d’avoir un certain confort, tout en restant libre de choisir où nous allons.
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