Après deux jours au parc national Abel Tasman, nous poursuivons notre route le long de la côte ouest de l’île du sud. [Re]découvrez la première partie de notre road trip de 26 jours en van : notre arrivée à Auckland, notre traversée de l’île du nord puis nos deux jours dans les Malborough Sounds.
Jour 12 : mardi 3 avril 2018
Wesport, des phoques et des falaises
291 km
Pour bien commencer la journée, nous faisons une première étape au Pak’N’Save de Richmond, non loin du parc national Abel Tasman. Nous devons, en effet, y réaliser un gros plein de courses car il n’y a pas de magasin de cette enseigne sur notre route jusqu’à ce que nous arrivions à Queenstown.
Nous prenons ensuite la route pour rejoindre la petite ville de Wesport, située sur la côte ouest de l’île : nous parcourons les 219 kilomètres qui nous en séparent en 3 heures 30. La dernière portion de route est plutôt agréable car nous roulons à flanc de montagne dans la vallée, tout en longeant la rivière. Il y a même un endroit où la route est creusée à même la roche.
À l’approche de la bifurcation vers Wesport, nous décidons de poursuivre pour nous rendre directement jusqu’au Cape Foulwind. Sur ces quelques 10 kilomètres, la voie est parallèle au littoral bordé de prés verts peuplés par des vaches. Les prévisions annonçaient l’arrivée du soleil peu après 13h00 : elles étaient donc exactes.
Notre objectif est de réaliser la petite randonnée aller-retour, du phare jusqu’à Tauranga Bay. Il est possible de la réaliser au départ des deux lieux, puisque celle-ci n’est pas une boucle. Nombreux sont les visiteurs qui se garent à Tauranga Bay pour aller directement observer la colonie de phoques qui y a élu domicile, sans réaliser la randonnée : nous trouvons cela plutôt dommage car le paysage offert par cette dernière est très scénique.
Le parking gratuit est quasiment vide lorsque nous y laissons notre van et nous nous élançons pour 2 heures 15 de marche [aller-retour + contemplation des phoques]. Le sentier serpente, monte et descend au rythme de la topographie du terrain.
Nous sommes au bord des falaises qui plongent sur des étendues de sable d’un blanc immaculé : impossible cependant d’y descendre. Le contraste de paysage est assez saisissant car de l’autre côté du chemin s’étendent des étendues vertes d’herbe où chevaux et vaches paissent tranquillement. Le phare blanc se dresse fièrement au milieu de ce panorama.
Le trajet est ponctué de points de vue panoramiques dont celui sur Tauranga Bay. Nous poursuivons jusqu’à la plateforme installée pour l’observation des phoques et pourrions rester des heures à observer les plus jeunes jouer et barboter autour des adultes qui sont, eux, affalés sur les rochers ensoleillés.
En fin d’après-midi et après une douche à la piscine publique de Wesport, nous rejoignons notre camping. Il en existe trois gratuits dans les environs mais ces derniers sont réservés aux véhicules self-contained. Nous optons donc ce soir pour une option payante à 20 NZD par véhicule : nous pouvons ainsi garer notre van sur le parking de la taverne « The Pines Tavern ». L’emplacement n’est pas le meilleur que nous ayons eu en termes de décor, mais la propriétaire, Tania, met à disposition le wifi ainsi qu’une salle commune où il est possible de recharger les appareils électroniques.
Cependant, l’atmosphère de la taverne nous a conquis. En effet, Tania aime discuter et raconter des anecdotes sur la région : nous nous installons donc au comptoir avec une jug de bière XPA Monteith à 12,50 NZD. Arrive alors Greg, un chasseur du coin et habitué de la taverne qui souhaite partager avec nous sa passion. Il explique à Benjamin les règles de chasse de la région et n’hésite pas à lui montrer ses dernières prises, notamment les bois de cerfs qu’il conserve dans son pick-up. L’expérience à la taverne est donc à la fois très locale et extrêmement enrichissante.
Jour 13 : mercredi 4 avril 2018
Pancake Rocks
307 km
Sur recommandation de Tania, nous nous levons avec le jour et roulons jusqu’au point de vue de Denniston, situé à seulement 12 kilomètres de là. La route grimpe très fortement et notre van peine légèrement dans la montée. Lorsque nous y arrivons, nous sommes seuls pour profiter de la vue panoramique plongeante sur le littoral. Denniston est également une ville marquée par une activité minière importante : des panneaux explicatifs sont d’ailleurs installés à cet endroit et l’entrée de la mine est signalée.
Nous décidons de prendre notre petit-déjeuner ici et sommes accompagnés par un Weka. Il s’agit d’un oiseau d’une trentaine de centimètres de haut qui ressemble à une poule ou un faisan. Le Weka est censé ne pas pouvoir voler mais celui-ci met toute son énergie à essayer de grimper dans notre van afin d’attraper nos tartines.
Nous rebroussons chemin et prenons la direction du sud. Nous quittons le bord de mer, que nous retrouvons rapidement aux abords de la ville de Punakaiki où les vagues se fracassent sur les rochers libérant leurs embruns.
Il y a beaucoup d’activités à réaliser dans les environs, notamment des marches : nous commençons par la principale, un petit circuit permettant d’observer les fameuses formations rocheuses appelées Pancake Rocks. Le parking est gratuit et nous y laissons notre van le temps de la promenade.
Benjamin était très intrigué par ce nom avant d’y arriver et l’explication lui apparaît évidente dès qu’il les aperçoit : différentes couches de roches se superposent les unes sur les autres, évoquant un empilement de pancakes. En réalité, le temps et l’érosion sont à l’origine de ces roches même si l’explication scientifique reste encore incomplète : la plus ancienne couche daterait d’il y a trente millions d’années.
Le long du chemin, des espaces sont aménagés pour que les visiteurs puissent observer le détail de la roche. Nous sommes intrigués par les formes de pieuvre, poisson ou visage humain qu’il est possible d’y deviner, avec parfois beaucoup d’imagination.
Ce qui attire également notre attention sont les nombreux blowholes ou trous souffleurs : la mer s’y engouffre en provoquant des bruits de déglutition. Pour certains, l’eau est même rejetée via un second trou situé plus haut. La puissance du jet est variable mais atteint régulièrement les plateformes d’observation, mouillant les intrépides qui se sont trop approchés. Nous sommes à marée haute, là où le phénomène est le plus intense : à certains endroits, nous sentons même le sol trembler.
Après avoir fait deux fois le tour en une heure, le temps se couvre : nous décidons donc de continuer notre route, sans réaliser la randonnée Pororari River Track que nous avions sélectionnée. Nous faisons cependant un arrêt dans la ville de Greymouth, afin de nous dégourdir les jambes. Les villes de province néo-zélandaises sont toutes construites de la même façon : les boutiques entourent une rue principale et ces dernières ressemblent à des préfabriqués.
À Greymouth, nous marchons jusqu’à la gare pour rencontrer notre premier train kiwi [surnom donné aux habitants de la Nouvelle-Zélande dont l’emblème est le kiwi : pas le fruit mais bien l’animal nocturne]. Nous visitons également l’exposition temporaire du musée de la ville, actuellement fermé. Nous y découvrons le passé minier de la région ainsi que l’histoire de la ville, très fière d’exposer les trophées gagnés par leurs différentes équipes sportives.
Nous reprenons la route mais le GPS n’en fait qu’à sa tête : nous nous perdons dans les rues de Greymouth et avons le plaisir d’y découvrir l’usine de production de la bière Monteith’s, bière néo-zélandaise que nous avions particulièrement appréciée la veille. Il y est proposé des dégustations ainsi que des visites mais nous trouvons que les tarifs y sont plutôt élevés. Ainsi, nous préférons nous composer une sélection de six bouteilles de cidres et de bières différentes [15 NZD les six de 330 ml], que nous pourrons tester durant la suite de notre road trip.
Nous poursuivons notre chemin et quittons bientôt la mer pour rencontrer les montagnes. En fin d’après-midi, nous nous installons au camping Otto/MacDonalds, le moins cher autour des glaciers Franz Joseph et Fox que nous visiterons demain. L’emplacement est très décevant car contrairement à ce qui est stipulé sur Campermate, il n’est pas possible de s’installer autour du lac : il s’agit en réalité d’un parking. Cela fera bien l’affaire puisqu’il se met à pleuvoir : nous nous installons donc au chaud dans notre van envahi par les sandflies. Benjamin essaye bien de les chasser mais avec les portes ouvertes pour éviter que le véhicule ne soit tout embué, c’est peine perdue !
Jour 14 : jeudi 5 avril 2018
Franz Josef et Fox Glaciers
275 km
Alors qu’il fait encore nuit, nous quittons le camping puisque nous avons un programme plutôt chargé aujourd’hui avec notamment la réalisation de trois randonnées. Le jour se lève petit à petit, dévoilant les sommets enneigés, alors que nous roulons en direction du premier glacier que nous voulons découvrir ce matin, appelé Franz Josef.
Lorsque nous nous garons sur le parking, celui-ci n’est occupé que par trois véhicules. Nous abandonnons donc l’idée de prendre notre petit-déjeuner pour filer sur le chemin de randonnée et profiter ainsi, du calme des lieux.
La « Valley Walk » n’est pas un chemin difficile même il faut parfois enjamber quelques filets d’eau et risquer d’y mettre un pied. Nous évoluons au cœur du cirque, là-même où le glacier se tenait quelques années plus tôt. Entre les deux flancs de montagne, le soleil a du mal à percer, au grand regret de Benjamin. En effet, la luminosité n’est pas idéale pour les photos mais il s’agit là d’une faible compensation en comparaison avec l’exclusivité du moment : nous sommes moins d’une dizaine de personnes sur les lieux.
Tout au long de notre marche, nous avançons avec le glacier en ligne de mire. Petit à petit, nous nous approchons et cela jusqu’à 750 mètres. Avant notre passage, nous avions lu de nombreux commentaires négatifs concernant la taille du glacier Franz Josef, certains allant même jusqu’à déconseiller le détour. Nous n’avions jamais vu de glacier alors nous trouvons cela tout à fait incroyable. Il est cependant vrai que ce dernier est plus impressionnant de loin. En effet, de près, nous nous rendons compte de l’état désastreux dans lequel il est. Les photos comparatives de 2008, présentées au public, sont assez alarmantes : l’effet du réchauffement climatique nous saute aux yeux !
Alors que nous sommes en train de contempler le glacier, un bruit assourdissant retentit dans la vallée : le bal des hélicoptères démarre à 8h00 précises ! Ainsi, en sept minutes, nous en comptons cinq qui l’encerclent pour offrir des vues à leurs passagers. Cette activité, très onéreuse, est toutefois très populaire mais le bruit qu’elle engendre est très désagréable pour les randonneurs : qu’est-ce que cela doit être en haute-saison touristique ?!
Nous rebroussons chemin alors que le flot de visiteurs débarque et admirons une dernière fois les cascades qui coulent le long des parois rocheuses : avec le soleil, cela crée de superbes arcs-en-ciel.
1h45 plus tard, nous remontons à bord de notre van et roulons jusqu’au second glacier, appelé Fox. Ici également, nous réalisons la randonnée de base : c’est-à-dire la plus courte, donc la plus touristique. Sur les deux glaciers, il existe des randonnées bien plus complexes et longues que nous aurions apprécié réaliser si nous avions passé plus de temps dans la région. Cette randonnée s’appelle encore « Valley Walk ».
Plus courte en comparaison avec la première, son dénivelé est cependant plus important. En termes de paysages, nous ne l’apprécions guère et s’il fallait n’en sélectionner qu’une seule, nous conseillerions celle du glacier Franz Josef. Ici, les pelleteuses et engins de construction sont partout pour réaliser de nombreux aménagements, créant une pollution visuelle et sonore non négligeable.
Les hélicoptères sont également très nombreux et le glacier ne s’aperçoit que depuis la plateforme d’observation : le trajet est donc plutôt monotone et le glacier dans un état critique. En 50 minutes, nous avons donc fait l’aller-retour.
La troisième et dernière marche de la matinée est sans hésiter celle qui nous convainc le plus. Alors que nous sommes en train de prendre notre petit-déjeuner sur le parking avant de nous élancer pour 1h25 de randonnée, nous découvrons derrière les nuages, des portions de sommets enneigés. Ceux-ci sont très couverts malgré le ciel bleu et le soleil qui tape : nous espérons donc que le vent se lève afin de les chasser.
Lorsque nous nous élançons sur la boucle de 4,4 kilomètres qui fait le tour du lac Matheson : le mont Tasman et le mont Cook ont encore la tête dans les nuages mais l’optimisme de Benjamin est à toute épreuve. Le chemin de randonnée se trouve dans une végétation luxuriante. L’humidité qui règne en sous-bois permet à la mousse de proliférer grandement.
Le lac Matheson est célèbre surtout pour ses points de vue et la réflexion du paysage dans ses eaux. C’est au lever du jour que le phénomène est aux dires le plus intense. Toutefois, nous ne pouvons qu’être conquis par les vues que le moment nous offre : comme par magie, le mont Tasman s’est découvert le temps de notre promenade en sous-bois, et nous restons ainsi plusieurs minutes à le contempler.
À 13h00, nous prenons donc la route en direction de lac de Wanaka et nous pensions sérieusement réaliser les 219 kilomètres en trois heures : que nenni, nous mettons quatre heures à cause des paysages sublimes que nous traversons.
À peine nous quittons les glaciers que nous longeons de nouveau le littoral. Nous nous arrêtons dès que nous voyons des panneaux avec un symbole d’appareil photo dessus, signalant les points de vue ou lieux d’intérêts. Ainsi, nous découvrons Knight’s Point où Benjamin se fait dévorer par les sandflies en moins de trente secondes ; Bruce Bay où le marchand de glace fait fureur ainsi que Ship Creek Beach où nous marchons au pied des dunes et au raz de l’eau.
À partir de la ville de Haast, nous changeons une troisième fois de décor en suivant la rivière éponyme. Nous nous retrouvons entre deux flancs de montagne qui ressemblent plutôt à des gorges : nous découvrons donc le Haast Pass. Il y a plusieurs points de vue sur la route qui mènent à des cascades mais le temps défile et nous n’en avons pas assez pour effectuer ces détours à pied de plusieurs minutes. Toutefois, nous nous garons sans cesse sur les bas-côtés prévus, ou non, à cet effet.
En dernier lieu, nous débouchons au nord du Wanaka Lake, le lac qui borde la ville éponyme. Ce sera notre dernier arrêt de la journée puisque notre camping est situé à son bord. Nous voulons nous garer au plus près mais lorsque nous descendons de notre van, nous sommes surpris par le vent glacial et très intense que nous y trouvons. Nous dégottons donc un endroit protégé, derrière la cabane des rangers du DOC, pour installer notre van. Nous en profitons toutefois pour faire un rapide tour sur la plage de galets et c’est bien la première fois que nous voyons des vagues sur un lac ! La vue est superbe mais nous ne pouvons nous attarder de peur d’être gelés. Benjamin, lui, est ravi car avec ce vent, les sandflies ne peuvent pas l’embêter. À la nuit tombée, les étoiles font scintiller le ciel.
Quel bonheur de parcourir votre blog en étant confinée ! Les photos sont juste waow, et vos récits de voyage sont très simples et justes, on s’y croirait…
Merci beaucoup Valérie pour votre gentil commentaire. Nous espérons que cela vous permet de vous évader un peu durant ce confinement 😉
Bonne journée.
Ben & Marion