Après avoir beaucoup apprécié les paysages de Wanaka et Queenstown, nous continuons de descendre toujours plus au sud et arrivons dans la région du Fiordland National Park. [Re]découvrez la première partie de notre road trip de 26 jours en van : notre arrivée à Auckland, notre traversée de l’île du nord, nos deux jours dans les Malborough Sound, le parc Abel Tasman et nos randonnées aux glaciers Franz Josef et Fox.

Jour 18 : lundi 9 avril 2018

Te Anau

142 km

La lueur du soleil à travers le van nous réveille en douceur ce matin. Nous avons vraiment eu froid cette nuit et avons dû ajouter deux couvertures, que nous gardions en réserve, à notre couette.

Depuis Lumsden, nous prenons la route pour rejoindre le Fiordland National Park. La route est encore une fois superbe : les forêts de pins bordent la voie tandis que nous nous approchons à chaque kilomètre supplémentaire des sommets enneigés. Nous sommes plus qu’heureux car c’est une région que nous attendions avec impatience ! En ayant décidé de quitter Wanaka et Queenstown plus tôt, nous allons ainsi pouvoir en profiter sous le soleil.

Cette dernière décision nous permet de passer la matinée dans la ville de Te Anau. Cette ville fait normalement office de dernier point de ravitaillement en essence pour les plus de 600 000 visiteurs qui empruntent la route jusqu’au Milford Sound chaque année. Toutefois, nous y trouvons charme, calme et sérénité durant notre promenade de 2h30.

Nous laissons notre van sur le parking gratuit du DOC Fiordland Visitor Centre et partons marcher au bord du lac Te Anau. L’endroit est tellement paisible que nous n’y croisons qu’un groupe de bernaches, installé près de l’eau. Les montagnes en arrière-plan et la brume matinale donne au lieu une atmosphère mystérieuse.

Te Anau abrite également un « Bird Sanctuary », sanctuaire pour oiseaux. Sont recueillis, ici, des oiseaux blessés ou attaqués ainsi que des oiseaux en voie de disparition. Nous y rencontrons nos premiers Kéa : ces oiseaux endémiques ressemblent à de gros perroquets de couleur verte. Il s’agit également de l’unique perroquet de montagne qui existe dans le monde. Nous rencontrons également des Takahé. Cette espèce était considérée comme éteinte jusqu’en 1948, avant d’être redécouverte. Aujourd’hui, la population est estimée à environ 300 spécimens.

L’accès est gratuit et il est possible de prendre part à la visite-guidée de 10h30, correspondant à l’heure du repas pour les volatiles.

D’ici, nous traversons la route pour nous engouffrer sur un chemin en sous-bois. Nous sommes seuls sous les pins avec pour uniques compagnons les oiseaux et leurs chants. Nous y rencontrons de nombreux Fantails, ces petits oiseaux très sociables qui n’hésitent pas à nous accompagner tout au long de notre chemin. Benjamin essaye de nouveau d’en faire grimper un sur sa main  mais ses efforts ne sont pas récompensés, malgré leurs quelques tentatives d’approche.

Nous débouchons enfin sur le lac Henry, niché au cœur du Ivon Wilson Park. Les reflets de la végétation sur l’eau sont superbes et surtout parfaits car il n’y a pas du tout de vent. C’est une journée automnale comme nous pouvons nous l’imaginer avec des arbres colorés de jaune et de rouge ainsi que des amanites tue-mouches énormes poussant le long du sentier.

Notre promenade se termine lorsque nous rejoignons le Visitor Centre. Nous y faisons une petite visite car il y a une exposition gratuite qui présente l’histoire de la région. Puis, nous nous rendons à la bibliothèque pour profiter d’une salle dédiée aux voyageurs où le wifi est illimité et gratuit.

En début d’après-midi, nous prenons l’unique route, longue de 119 kilomètres, qui s’enfonce jusqu’à Milford Sound. Les touristes qui s’engouffrent sur cette voie ont tous pour objectif de réaliser une croisière sur le fjord et nous parions sur le fait que la majorité des voyageurs fera escale pour la nuit au camping du DOC le plus proche de la destination finale soit le Cascade Creek Camping. Il en existe huit, qui sont tous payants. Ainsi, nous choisissons de nous arrêter au camping Deer Flat pour éviter le monde : excellent choix car la vue est sublime sur les montagnes et nous ne sommes que six véhicules.

Nous trouvons un coin abrité sous les arbres et en profitons ensuite pour aller nous promener au bord de la rivière qui serpente autour du terrain de gravillons. Les nuages sont accrochés aux sommets, l’atmosphère est donc tout à fait particulière.

Il n’est pas tard alors nous en profitons pour nous mettre en grande cuisine et réaliser un plat de saison : la tartiflette ! Si cette dernière nous réchauffe, nous sommes toutefois heureux d’avoir pris le temps à Te Anau de nous procurer des gants : éléments vestimentaires devenus indispensables pour nos mains qui ne supportaient plus la température extérieure si faible. Le modèle de notre van est confortable mais peu adapté aux températures hivernales et aux intempéries. En effet, nous devons tout faire en extérieur en ouvrant constamment les portes du véhicule. Ainsi, je suis même obligée de m’entourer d’une couverture lorsque nous sommes assis ou peu actifs pour ne pas être frigorifiée. Benjamin se moque de moi mais adopte vite la technique. Nous sommes à présent contraints de faire tourner le moteur pour réchauffer l’habitacle avant d’aller nous coucher.

13 NZD par personne

Paysage très agréable, en pleine nature et aux abords de la rivière

Une cabine de toilettes sèches plutôt en bon état

L’un des premiers campings sur la route de Milford Sound, seulement six véhicules le soir où nous y étions

Jour 19 : mardi 10 avril 2018

Croisière sur Milford Sound

60 km

L’objectif du jour est de rejoindre le port de Milford Sound car nous devons réaliser une croisière sur le fjord. La route est, aux dires, sublime et la vitesse y est assez limitée car la voie serpente. Le piège est donc de ne pas prévoir assez de temps et d’être en retard pour le départ de la croisière. Les panneaux directionnels annoncent un temps de trajet de 2h00 : 2h00 sans faire d’arrêts oui ! Nous décidons donc de prendre de la marge et partons à 7h30 du camping pour une croisière à 10h45.

Nous nous arrêtons quelques kilomètres plus loin pour réaliser la courte randonnée autour du lac Gunn. À cette heure matinale, nous sommes seuls à nous promener entre les arbres où le soleil n’a pas percé. Une atmosphère particulièrement humide et brumeuse y règne permettant à la mousse de proliférer sur les branches et troncs des arbres. Benjamin a l’impression de se promener dans la forêt de Fangorn, célèbre forêt de la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Nous y rencontrons également de superbes oiseaux qui n’hésitent pas à nous suivre tout au long du chemin, leur curiosité piquée. Ainsi, alors que nous marchons silencieusement pour observer un lapin, un petit oiseau suit littéralement Benjamin.

La boucle débouche sur le lac nous offrant ainsi une vue superbe sur l’eau d’un calme olympien et les sommets enneigés. Sortis du sous-bois, nous découvrons avec surprise qu’il neige de gros flocons. Cette petite randonnée est donc pleine de surprises et l’un des incontournables de notre road trip.

Nous reprenons notre van et poursuivons notre trajet. Finalement, de Te Anau jusqu’au dernier camping du DOC, la route n’a que peu d’attrait car la vue n’est pas dégagée. Cependant, sur la seconde portion, nommée « Hollyford Road », le paysage est tout simplement époustouflant. Nous ne cessons de nous arrêter aux différents points de vue aménagés avec une préférence pour Monkey Creek, Gertrude Valley et Mont Tutoko. Il y a également de nombreuses cascades ou randonnées plus longues à réaliser ici, ce qui mériterait d’y rester quelques jours !

Nous traversons toutes les météos de la neige au brouillard. Lorsque nous arrivons à destination à 9h50, les nuages laissent place à un grand soleil et un ciel dégagé : nous sommes très heureux et chanceux car cette région de Nouvelle-Zélande ne dénombre pas moins de 295 journées de pluie par an ! Nous apprenons plus tard que la route a toutefois failli être fermée ce matin à la circulation à cause des tombées de neige…

Milford est une toute petite localité avec une pompe essence, un aéroport et les comptoirs des compagnies de croisières. Les parkings sont déjà pleins : il ne reste plus que deux places disponibles et pourtant, nous sommes en basse saison ! Nous sommes en avance mais apercevons de nombreux croisiéristes courir pour rejoindre leur bateau, ayant mal planifié leur temps de trajet.

Il existe de multiples compagnies de croisières qui réalisent un trajet similaire : une boucle d’1h45 sur l’eau du fjord. Milford Sound est bel et bien un fjord et nom un « sound » comme son nom le suggère. Long de 16 kilomètres, il est le plus connu et fréquenté car il est le seul à être accessible par la route.

Nous avons choisi la compagnie Cruise Milford Sound NZ pour effectuer la croisière de 10h45 [nous avons eu deux billets offerts à 95 NZD par pax]. Le check-in se fait rapidement au comptoir et nous attendons sur le quai pour embarquer. La capacité maximale de 60 personnes par croisière nous séduit instantanément ! Amarré à côté des autres, notre navire fait tout petit !

Deux ponts composent le bateau : nous choisissons le confort rudimentaire des bancs en bois installés à la proue du navire plutôt que la chaleur et les canapés cozy du pont supérieur.

Nous nous rendons compte rapidement que le vent est intense et glacial : nous ne sommes donc que peu de téméraires à observer, depuis l’extérieur, le paysage sublime qui se dresse devant nous avec notamment l’emblématique Mitre Peak. Heureusement, les boissons chaudes, inclues dans le tarif, nous permettent de nous réchauffer.

Alors que nous nous extasions, un mouvement inattendu dans l’eau attire mon attention : nous sommes aux premières loges pour admirer un groupe de dauphins nager dans les vagues autour de la coque. Ces derniers font des pirouettes et l’eau est tellement claire que nous les voyons évoluer dessous. Ce moment est tout à fait incroyable car nous ne pensions pas voir ces animaux ici.

Remis de nos émotions, nous poursuivons à flanc de roche. Les cascades sont nombreuses à dévaler la montagne : le capitaine approche la proue du bateau au maximum pour que nous en observions une d’en dessous. Le phénomène est tout à fait impressionnant mais gare aux changements de vent : nous évitons de justesse d’être complètement trempés et cela à deux reprises !

Nous naviguons jusqu’à l’entrée de la mer de Tasman et c’est ici que le vent est le plus fort : nous observons des tourbillons d’eau se former au-dessus de son étendue. Rester debout sur le pont relève parfois d’un exploit tant le vent s’engouffre dans nos k-ways.

Nous faisons demi-tour et longeons la rive opposée. Nous apercevons ainsi un phoque installé sur son rocher ainsi de le glacier du Mont Pembroke avant de rentrer tranquillement au port.

À 12h30, nous retrouvons notre van et effectuons la route en sens inverse. La magie de ce matin est rompue car les cars de touristes ont pris d’assaut les lieux : les chauffeurs roulent à tombeau ouvert sur la voie. Prendre part à une croisière le matin est donc un fabuleux conseil. Les premières de la journée, entre 8h00 et 10h00 sont souvent moins chères que les suivantes et peuvent donc sembler alléchantes : toutefois, la luminosité n’est pas la meilleure car le soleil n’est pas passé derrière les montagnes. Nombreux sont les voyageurs qui préfèrent réserver directement sur place pour être certains de la météo. Sinon, de nombreuses promotions peuvent être trouvées sur Bookme.

Nous retraversons le Homer Tunnel : il s’agit d’un tunnel de 1,2 kilomètres de long creusé à même la roche. Ainsi, nous pouvons passer d’une vallée à l’autre. Cependant, nous devons attendre notre tour car il n’y a qu’une seule voie avec une circulation alternée. À l’arrêt, nous en profitons donc pour observer le paysage lorsque des énormes oiseaux verts font leur apparition autour des véhicules. Nous reconnaissons les Kéa, oiseaux que nous avions déjà vus hier à Te Anau, mais cette fois, ces derniers sont en liberté, dans leur milieu naturel.

La neige est de retour et le temps ne cesse de se couvrir jusqu’à Te Anau. Nous décidons d’emprunter la route « Weir Road » puis la « Blackmount Redcliff Road » et enfin la « Clifden Blackmount Road » qui longent les fjords. Nous ne les avions pas mises au programme au départ car au vu de l’affichage du GPS, nous pensions qu’il s’agissait de petits chemins de traverse. Au final, il s’agit de voies à double sens bien entretenues mais très peu fréquentées, ce qui nous ravit !

Nous ne voyons honnêtement pas grand-chose du paysage qui défile sous nos yeux tant les nuages sont bas. Toutefois, nous nous extasions devant les prés d’un vert intense et nous rencontrons un mouton dont la tête est coincé dans le grillage de son enclos : Benjamin se demande encore s’il a réussi à s’en libérer !

Le camping que nous choisissons est perdu à côté d’un élevage de cerfs et il nous faut rouler 14 kilomètres sur un chemin de graviers pour le rejoindre. Autant dire que nous sommes quasiment les seuls. Nous découvrons avec plaisir qu’il y fait un peu moins froid que la veille mais nous décidons tout de même de dîner à l’abri du van. Nous nous endormons en rêvant de ces deux journées dans le Fiordland National Park. Il est déjà tant de poursuivre notre route dans la région suivante : les Catlins.

Gratuit

Immense terrain perdu dans la nature à côté d’un élevage de cerfs

Toilettes chimiques de chantier, simples mais efficaces

Accès par une route rocailleuse, prévoir le double de temps de route pour y arriver