Jour 1 : vendredi 18 août 2017

De Hanoï à Ha Giang

8.1 km

De retour de Mai Chau, nous avons passé la nuit à Hanoï afin de repartir ce matin en direction de Ha Giang. Nous voici donc dans le bus 34, nous conduisant une nouvelle fois vers la gare routière de My Dinh [1 heure de trajet ; 7,000 VND par personne]. Au guichet, nous achetons deux tickets [200,000 VND par personne] pour le prochain bus qui s’avère être un sleeping bus. Le trajet sur des routes en lacet dure sept heures et notre chauffeur n’excelle pas dans sa conduite, qui est plutôt dangereuse.

Nous sommes déposés à la gare routière de Ha Giang, éloignée de trois kilomètres du centre-ville. Ha Giang n’est clairement pas une ville adaptée au tourisme : et c’est tant mieux, cela nous ravit ! Nous avions en premier lieu décidé de nous rendre à Sa Pa : nous avons changé d’avis car nous voulions quelque chose de plus authentique et hors des sentiers battus.

Nous ne sommes pas achalés dans la rue, il n’y a que peu d’hôtels et quant aux restaurants : nous n’en trouvons aucun sur la rue principale. Nous réglons rapidement la question de la location de notre moto et suivons le conseil de notre loueur en dînant au Lâm My : un restaurant local situé dans un quartier résidentiel [15,000 VND la bière ; 35,000 VND un plat]. Le jeune fils du propriétaire s’exerce à l’anglais en nous donnant l’addition.

Ha Giang n’est pas une ville sexy mais nous nous y sentons instantanément bien.

Jour 2 : samedi 19 août 2017

Ha Giang → Dong Van

140 km

Il est 10h15 : c’est l’heure du départ ! L’un de nos sac est déposé à l’hôtel où nous séjournerons au retour, le plein est fait : nous n’avons plus qu’à prendre la route sous un soleil magnifique. Très vite, nous quittons les grandes artères, la circulation se fait moins dense, la route commence à tournicoter et à être moins régulière. Le plus frappant est le paysage qui s’offre à nous : se dévoilent les premiers pics karstiques du Géoparc Dong Van Karst Plateau.

Notre scooter, que nous avons nommé « Giang Louis » en souvenir de notre scooter parisien [appelé « Jean-Louis »], peine dans l’ascension jusqu’au premier col que nous traversons : le Quan Ba Heaven Gate. La vue est tout simplement à couper le souffle.

Nous descendons de l’autre côté de la vallée jusqu’à la ville de Tam Son où nous pouvons observer les seins de la fée Hoa Doa. Une très belle histoire entoure ces deux collines en forme de seins.

L’itinéraire classique de cinq jours/quatre nuits de cette boucle en moto consiste à rejoindre la ville de Yen Minh la première journée pour y dormir. Nous ne faisons que la traverser car nous avons choisi de passer deux nuits à Dong Van. Ce choix est motivé par le calendrier : nous voulons absolument nous rendre à son fameux marché ayant lieu le dimanche matin.

Après Yen Minh, c’est ici que tout se gâte. La paysage est toujours aussi beau, la météo est toujours aussi bonne mais la route, elle, est en piteux état. Les nids-de-poule jalonnent la route étroite : toute cette portion est en réalité en travaux. Les hommes ainsi que les femmes sont en plein travail et nous devons parfois attendre que les engins de chantiers débarrassent terre et cailloux pour poursuivre notre chemin. Ce sera les vingt derniers kilomètres les plus longs de notre vie. Lorsque nous arrivons à Dong Van à 16h45 et que nous descendons de notre bolide, nous sommes courbaturés. Il faut être un sacré aventurier ou avoir des fessiers musclés pour se lancer dans le trajet Ha Giang – Dong Van sur la journée.

Nous sortons dîner et sommes surpris par la température qui a sensiblement chuté à 1,053 mètres d’altitude.

Jour 3 : dimanche 20 août 2017

Dong Van → Lung Cu → Dong Van

90 km

L’incontournable de Dong Van est son marché du dimanche matin. Il était impensable pour nous de le manquer et c’est pour cela que nous avons fait l’ascension d’une traite depuis Ha Giang la veille.

Notre hôtel est situé juste à côté de l’espace où le marché se déroule. Aux sons des voix et des musiques dans la rue et après un coup d’œil sur le réveil, nous confirmons que les festivités commencent à 5h00 : ce sera sans nous, nous n’irons qu’à 7h00.

La région abrite de très nombreux groupes ethniques différents et tous profitent de cette journée pour quitter leur village afin de commercer, échanger, discuter. Certains sont pressés et n’hésitent pas à bousculer tout le monde sur leur passage ; d’autres prennent leur temps, s’arrêtent ou s’installent pour manger.

Nous déambulons dans les différentes allées : tous les produits vendus ici ne sont que des produits utiles au quotidien. Lampes frontales, serpes, produits frais, tissus mais aussi animaux de la ferme sont vendus.

Nous sommes conquis par l’atmosphère qui y règne. Nous ne sommes ni achalés, ni dévisagés, comme si les locaux ne faisaient pas attention à notre présence et qu’est-ce que cela fait du bien de découvrir un lieu encore préservé du tourisme de masse ! Une seule dame s’aventurera, avec un grand sourire, à tenter de faire acheter à Benjamin un costume traditionnel !

Ce qui nous passionne surtout, c’est le festival de couleurs auquel nous assistons. Les femmes portent en très grande majorité le costume traditionnel de leur ethnie. Ils sont tous plus colorés, scintillants et raffinés les uns que les autres.

Nous aurions pu rester des heures à observer ces moments de vie et de partage mais la foule commence à débarquer aux environs de 8h00 : locaux et touristes emplissent les ruelles.

En début d’après-midi, nous partons avec « Hiang Louis » pour une nouvelle aventure au plus près de la frontière chinoise. Nous attendions pour tout dire cette étape avec impatience. 22 kilomètres nous séparent de Lung Cu, commune la plus au nord du Vietnam, aux portes de la Chine. La route en lacet nous permet de grimper en altitude dans des paysages plus à couper le souffle les uns que les autres.

Très vite un panneau indique que nous rentrons dans la zone frontalière : au loin, c’est la Chine. Plus nous roulons, plus nous nous en approchons.

Ça y est, à notre gauche, la frontière est symbolisée par la montagne. Nichés au creux de la végétation, les cols sont eux barrés par des rangées de fils barbelés. Toutefois, nous sommes surpris de découvrir que des chemins aménagés permettent de les contourner sans difficulté et ainsi de traverser sans problème d’un côté à l’autre. Discrètement et après avoir vérifié qu’il n’y avait aucun garde, nous foulons le sol chinois. Nous pourrons à présent nous vanter d’être entrés en Chine sans visa et sans peur… Enfin, jusqu’à ce que nous entendions un moteur se rapprocher, nous obligeant à nous cacher dans les fougères : ce n’était finalement qu’un motoculteur !

Remis de nos aventures, nous atteignons Lung Cu et sa symbolique « Tour du Drapeau ». Il faut monter 279 marches pour se retrouver à ses pieds. D’ici, la vue sur les montagnes est sublime. 140 marches supplémentaires permettent d’atteindre le drapeau vietnamien flottant au vent. Celui-ci mesure 54 mètres carrés, symbolisant les 54 groupes ethniques que le pays abrite.

Nous rebroussons chemin en direction de Dong Vang et croisons de très nombreux locaux sur les bords de route revenant chargés du marché.

Jour 4 : lundi 21 août 2017

Dong Van → Sa Phin → Meo Vac

96 km

Nous commençons cette journée en parcourant les 23 derniers kilomètres de la route entre Sa Phin et Dong Van que nous avions réalisés à toute vitesse lors de notre première journée. Sage décision car les paysages sont encore une fois très beaux mais surtout bien différents. Des forêts de pins entourent d’abord le chemin jusqu’à déboucher sur des montagnes à la roche noire et abrasive. Les champs de maïs sont complètement fanés, ce qui donne au paysage un aspect lunaire.

Nous nous arrêtons au bord de la route et découvrons un petit coin de paradis niché derrière un monticule rocheux. Une balancelle est installée, là, au milieu de nulle part, et permet de s’abandonner à la contemplation du panorama.

Nous roulons en sens inverse vers Dong Van et nous arrêtons au Palais Hmong de Sa Phin. Il s’agit de la demeure en bois de Vuong Chinh Duc, riche Hmong. Construite au 19ème siècle, elle respecte les règles du Fengshui. La visite ne coûte que 20,000 VND par personne et vaut le coup de s’y arrêter une vingtaine de minutes. Rien de bien transcendant toutefois car les pièces sont quasi-vides.

De retour à Dong Van, nous traversons la rue principale et poursuivons vers notre nouvelle étape : Meo Vac. À la sortie de la ville, nous sommes ébahis devant le panorama. « Encore! », vous nous direz : mais là, aucun mot ne permet de décrire sa beauté ! Bienvenue au Ma Pi Leng Pass. Réputé pour être le col le plus dangereux de la région, seuls les chevaux pouvaient à l’origine le traverser. Il aura fallu cinq années pour construire la route à flanc de montagne et ainsi permettre de rejoindre Dong Van à Meo Vac : les habitants l’appellent « Happy Road » [la route heureuse] car elle leur a facilité les déplacements.

Nous arrivons en fin d’après-midi à Meo Vac. Nous nous attendions à trouver un village : il n’en est rien. Meo Vac est en réalité une ville d’une taille impressionnante, nichée au creux des montagnes. C’est l’heure de la sortie d’école et les adolescents sont nombreux à envahir les rues. Le contraste est important entre les enfants que nous avons croisés dans les villages quelques kilomètres en amont. Certains avaient à peine six ans et étaient déjà soit responsables du troupeau de chèvre, soit se déplaçaient seuls sur le bord de la route.

Jour 5 : mardi 22 août 2017

Meo Vac → Perdus → Meo Vac

92 km

Pour le plaisir des yeux, nous décidons de refaire dans l’autre sens la route entre Meo Vac et Dong Van. Nous sommes tellement ravis d’avoir pris cette décision ! En effet, nous avions loupé beaucoup de détails du paysage du Ma Pi Leng Pass lors de notre premier passage : tout est tellement beau que nous ne savions plus où donner de la tête ! Nous découvrons ainsi les gorges du Canyon Tu San, la route en double tête d’épingle ainsi que la stèle en pierre, commémorant la construction de la « Happy Road ».

Nous décidons ensuite de descendre au cœur du canyon via la route menant au village de Xin Cai. Nous rejoignons ainsi la rivière Nho Que. La voie est tout à fait incroyable aux pieds de ces montagnes : nous nous sentons tout petits !

Nous regagnons Meo Vac en début d’après-midi et partons pour notre prochaine destination : Du Gia. Nous suivons les recommandations de maps.me et prenons la route QL 4C jusqu’à Niem Son. Le paysage est tout à fait différent.

Cela se gâte lorsque nous devons bifurquer à Niem Son et que nous découvrons que la route à emprunter n’est en réalité qu’un chemin de terre rocailleux. N’ayant d’autre alternative, nous nous engouffrons dessus en espérant que cela ne soit que passager. Au final, nous passerons deux heures, pour seulement quelques kilomètres parcourus, sur ces chemins entre cailloux, trous, sol glissant, herbes hautes et bords de falaises : bref, une vraie aventure tout terrain sans le véhicule adéquate.

Lorsque nous manquons de défoncer notre moto avec une grosse pierre et que Benjamin dérape et se retrouve par terre, nous sommes certains que nous ne pourrons arriver à Du Gia ce soir. Nous croisons de nombreux locaux qui nous regardent ébahis et certains ont un sourire en coin. Nous les imaginons bien se demander ce que nous faisons là.

Hors de question de faire demi-tour pour reprendre la même route, nous poursuivons au hasard sans être vraiment certains de notre position mais en cherchant désespérément une vraie route. Nous débarquons au village de Nam Ban où une route en dalles de béton nous permet de rejoindre la voie QL 4C. Nous voulions de l’aventure et de l’exclusivité en venant à Ha Giang : c’est chose faite ! Nous ne regrettons cependant en rien cette escapade car la portion de Nam Ban au croisement de la route QL 4C est tout à fait incroyable. Nous ne voyons que des cultures en terrasses à perte de vue, paysage que nous ne reverrons plus dans la région.

En quittant Meo Vac quelques heures plus tôt, nous ne pensions jamais revoir cette ville. Nous avons les fesses en miettes, des ampoules et les membres ankylosés mais avec le recul, nous rions de cet après-midi aventureux !

Jour 6 : mercredi 23 août 2017

Meo Vac → Ha Giang

150 km

Lorsque nous partons, le temps est couvert : première fois depuis le début de boucle. Benjamin est presque content car il préfère une température moins élevée pour réaliser les 150 kilomètres qui nous attendent. Car oui, c’est déjà la fin de notre périple en moto : nous rentrons à Ha Giang !

Nous prenons la bonne route cette fois en direction de Lung Phin pour rejoindre Yen Minh. Les paysages sont complètement différents : avec cette boucle, chaque jour est une nouvelle découverte. La route est plutôt bonne et nous filons à travers les petits villages où nous croisons de nombreux enfants en chemin pour l’école. Certains sont surpris de nous voir, d’autres nous saluent, certains nous courent après ou encore nous demandent de l’argent.

Peu avant Yen Minh, quelques nuages gris font leur apparition mais nous réussissons à slalomer entre les gouttes. 150 kilomètres en une journée : c’est long, voire très long sur les routes du Nord. Nous faisons une pause pour déguster un délicieux Banh Mi et en profitons pour essayer de communiquer avec les locaux sur ce stand de rue.

Nous ne sommes pas encore à la moitié du trajet lorsque la pluie menace. Benjamin fonce entre les nids-de-poule ce qui nous permet de trouver un abri avant le déluge. Lorsque cela se calme, nous revêtissons par prudence nos fabuleuses capes de pluies violettes : pas très fashion, on se l’accorde, mais terriblement imperméables. En effet, nous finirons les vingt derniers kilomètres complètement sous l’eau : l’expérience du Nord n’aurait pour sûre pas été complète sans une virée sous la pluie ! Nous en rions car nous avons eu une chance incroyable lors de ces cinq jours de road trip : le temps étant réputé pour être très humide dans la région.

Après 7 heures de route, nous sommes de retour à Ha Giang, des étoiles plein les yeux ! Définitivement la plus belle destination mais aussi la plus authentique que nous ayons faite au Vietnam. Nous dormons à Ha Giang avant de rentrer en bus à Hanoï le lendemain.

Organiser son road trip

Quel itinéraire ?

Cette boucle peut être réalisée au minimum en 2 nuits [Dong Van – Meo Vac] mais cela nécessite de passer trois longues journées sur la moto. Le minimum est selon nous 3 nuits [Yen Minh – Dong Van – Meo Vac]. Afin de profiter de la région, 4 nuits ou plus sont du luxe [Yen Minh – Dong Van – Meo Vac – Du Gia].

Quelle météo ?

La météo est le point délicat de cette boucle. En effet, le temps est réputé pour être incertain. Nous avons eu quatre jours secs et très ensoleillés, ce qui est apparemment exceptionnel, car lorsque nous avons quitté Ha Giang, les prévisions annonçaient dix jours de pluie consécutifs. Il faut donc absolument se munir de capes de pluie étanches ! Les températures peuvent être très fraîches, voire froides : il faut prendre des vêtements pour se couvrir.

Quel budget ?

Hébergement : 1 397 000 VND soit 30%
Nourriture : 1 248 000 VND soit 27%
Bus : 828 000 VND soit 18%
Moto : 800 000 VND soit 17%
Essence : 275 000 VND soit 6%
Activités : 90 000 VND soit 2%

4 638 000 VND de budget pour deux personnes pour la totalité du séjour. Ce budget correspond aux dépenses réalisées durant notre boucle de 5 jours /4 nuits auxquelles s’ajoutent les dépenses des deux journées de déplacement de Hanoï à Ha Giang. Pas de panique pour retirer de l’argent : il y a des distributeurs tout au long de la boucle.