Nous pensons que Varanasi est une étape incontournable lors d’un premier séjour en Inde afin de découvrir la spiritualité qui se dégage du lieu. Lors de la planification de notre voyage, nous avions réservé en amont notre train et avions prévu d’y passer cinq nuits. En effet, ne connaissant ni le pays, ni la fiabilité des trains et des bus, nous souhaitions avoir de la marge pour atteindre cette dernière étape.

Comme tout s’est finalement déroulé sans encombre, nous nous sommes retrouvé six jours à Varanasi et nous avons pu bénéficier d’énormément de temps libre, limitant les visites et autres activités culturelles à quelques heures par jour. Avec du recul, nous pensons que trois jours pleins suffisent dans le cadre d’un long périple comme le nôtre.

Jour 1 : samedi 13 mai 2017

Arrivée en train à Varanasi

9.3 km

Il s’agit de la plus mauvaise nuit que nous ayons passée en train depuis le début du voyage. Entre ronflements, cris d’enfants et sonneries de téléphone, nous avons du mal à fermer l’œil ! La patience de Benjamin est mise à rude épreuve lorsqu’un petit garçon se met à jouer frénétiquement avec l’interrupteur de la lumière : « jour, nuit, jour, nuit, jour… » ! Pour se détendre, il décide d’acheter un Chai Masala Tea à un vendeur ambulant circulant entre les wagons du train. Il a découvert ce breuvage dans le désert de Jaisalmer et en est fou. Il s’agit d’un thé noir sucré mélangé avec du lait et du masala [mélange d’épices]. On en trouve absolument partout en Inde !

Nous sommes partis avec 1h50 de retard la veille et arrivons finalement avec 2h30 de retard à la gare de Varanasi Junction. Comme son nom l’indique, de très nombreux trains y transitent et les lieux sont bondés. De nombreux conducteurs de rickshaws attendent dehors et nous hèlent alors que nous tentons de rejoindre notre hôtel situé au bord du Gange.

Après trois semaines en Inde, Varanasi se trouve être notre dernière étape dans ce pays. Dès les premiers kilomètres à pied, nous constatons que les rues sont très sales [plus qu’ailleurs], parfois inondées [malgré la saison sèche] et oscillent entre goudron et terre battue. Les quatre kilomètres qui nous séparent de la gare à l’hôtel nous permettent de nous enfoncer progressivement dans les rues étroites des ghats où le flot de population est important. Il s’en dégage une atmosphère plutôt oppressante de prime abord, de par la promiscuité des lieux traversés.

Notre hôtel est situé sur le Kedar ghat, assez paisible et peu animé, d’où nous avons une vue imprenable sur le Gange. La journée ayant été plutôt éprouvante, nous dînons de bonne heure au Brown Bread Bakery qui possède un rooftop. Cela nous permet d’admirer le coucher du soleil ainsi que le ballet des barques naviguant sur le Gange.

Jour 2 : dimanche 14 mai 2017

Découverte de Varanasi

17 km

Varanasi est une ville qui a une importance particulière pour les Hindous. En effet, elle est composée de 87 ghats [marches recouvrant la rive et permettant de descendre au contact de l’eau] de différents types.

Ils peuvent être tout d’abord un lieu de baignade : nous croisons de nombreux habitants y effectuant leur toilette, leur lessive ou bien y nageant tout simplement. Ils peuvent aussi être des lieux de cérémonie : se baigner dans le Gange permettrait de se purifier et de se laver de ses péchés ! Enfin, il existe des ghats dont la fonction est la crémation. Théoriquement, le ghat de Manikarnika est spécialisé dans la pratique de ce rite. Néanmoins, nous avons vu cette cérémonie se dérouler sur d’autres ghats.

La crémation est un rite de passage dans la tradition hindou qui permet au mort de se libérer du cycle de la réincarnation et d’accéder directement au Nirvana. Les familles disposent de 10 jours après la mort pour faire venir le corps du défunt à Varanasi afin d’effectuer le rite tandis que d’autres choisissent de venir mourir sur place. Les corps sont promenés à travers la ville puis baignés une dernière fois dans le Gange. Ils sont ensuite déposés sur un bûcher à ciel ouvert jusqu’à ce qu’ils soient réduits en cendres : ces dernières seront jetées dans le fleuve sacré. Les femmes sont interdites lors de ces cérémonies car les pleurs perturberaient l’âme du mort.

Il y aurait 25,000 à 30,000 corps qui seraient incinérés à Varanasi chaque année selon ce rituel. Cela représente 2 personnes mortes sur 1,000 en Inde. Les enfants de moins de 10 ans, les femmes enceintes, les lépreux, les prêtres, les individus mordus par un cobra ou ceux morts d’une manière non-naturelle, ne peuvent pas prétendre à la crémation : leurs corps sont donc lestés puis jetés dans le fleuve.

Lors de notre balade sur les ghats, nous avons croisé plusieurs cérémonies. La décence nous a évidemment conduit à ne pas prendre de photos. Le sentiment que nous ressentons est assez prenant : le bois est aligné le long de la rive et les crémations s’enchaînent en continu 24 heures sur 24. Nous resterons marqués par l’odeur flottant dans l’air et la vision des corps sur les bûchers.

Nous avons effectué une longue promenade très agréable du Kedar ghat au Assi ghat. Hormis le parfum d’urine, les lieux sont très propres contrairement au reste de la ville. Nous y rencontrons de nombreux habitants ou vaches se baignant dans le Gange ainsi que des animaux venus s’y désaltérer. Les femmes y font la lessive et le linge est mis à sécher à même le sol sur les marches brûlantes des ghats, chauffées par le soleil de plomb de midi. De nombreuses barques sont accostées à la rive sur un niveau d’eau qui semble avoir fortement diminué depuis le début de la saison sèche.

Nous poursuivons ensuite vers le complexe universitaire Banaras Hindu University, construit avec un plan aérien en arc de cercle. De très nombreuses spécialités y sont enseignées de la biologie aux arts du spectacle. En son centre se trouve Vishwanath temple [entrée gratuite mais donation fortement suggérée – 1 roupie par paire de chaussures demandée – fermé entre 12h et 13h]. Ce lieu très fréquenté ne nécessitait finalement pas le détour. Nous rebroussons donc chemin en direction de notre hôtel.

Tous les soirs à 19h00 [les horaires varient en fonction de la saison] a lieu la cérémonie « Ganga Aarti » au ghat Dashashwamedh. Très populaire, elle regroupe un nombre impressionnant de locaux sur le bord du Gange. Des brahmanes en tenue traditionnelle exécutent pendant 45 minutes une salutation au fleuve sacré à l’aide de chants, prières et rituels à base de feu. Nous avons trouvé cela très impressionnant et avons été étonnés par la spiritualité et la ferveur ambiante. Néanmoins, sans guide, il nous a été difficile de comprendre pleinement sa signification. Comme lors d’un match, il est opportun de quitter le ghat peu avant la fin de la cérémonie afin d’éviter les mouvements de foule !

Il nous est difficile de trouver un endroit correct où dîner à Varanasi car de nombreux lieux sont fermés. Nous remontons donc à travers les ruelles à la recherche d’un restaurant. Nous sommes obligés de faire quelques détours car leur accès est conditionné par le bon vouloir des vaches qui bloquent tout simplement le passage.

Jour 3 : lundi 15 mai 2017

Deuxième défi réalisé

4.2 km

Nous sommes à la fin de notre séjour en Inde, nous devons donc organiser au mieux notre séjour dans le pays suivant : le Népal. Comme nous avons décidé de quitter le pays par la frontière terrestre, il nous faut réserver un moyen de transport et trouver des dollars à acheter pour nos visas. Nous pensions trouver facilement un bureau de change à Varanasi mais cela n’aura pas été facile.

Nous avons de plus réalisé le deuxième défi de notre to-do list : voir un film de Bollywood. Depuis Delhi, Benjamin avait repéré les affiches du film Bahubali 2 placardées un peu partout sur les façades des bâtiments ! Il s’agit apparemment du dernier block-buster produit par le cinéma Tollywood [nom du cinéma indien dont les films sont réalisés en télougou].

Il y a plusieurs cinémas à Varanasi et choisissons le IP Cinemas Vijaya [avec un Domino’s pizza à côté, mais promis, nous n’avons pas encore craqué !] pour la séance de 16 heures. Il existe trois catégories de places dans les cinémas indiens qui sont vendues à des prix différents en fonction du confort du siège. Nous choisissons donc la catégorie intermédiaire et obtenons des sièges avec dossier qui permettent de s’allonger. Pas de panique pour trouver nos fauteuils car les places sont numérotées.

Le film commence pile à l’heure et sans publicité : c’est parti pour 2h47 de film en hindi. Nous avions peur que la barrière de la langue soit une contrainte. À notre grand étonnement, nous ne voyons pas le temps défiler tellement nous sommes captivés par les effets spéciaux, les musiques et les chorégraphies. Il n’y a en réalité que peu de dialogues et le scénario détonnant est facilement compréhensible tant les acteurs sont expressifs. Le public est en émoi dans la salle et hurle à l’apparition du héros principal. Nous vous laissons découvrir la bande-annonce : c’est un vrai spectacle ! À noter toutefois qu’il s’agit d’un film du registre fantastique : il y a certains moments où les scénaristes sont allés un peu trop loin à notre goût. Pour résumer : nous avons hâte de voir Bahubali 1 !

Jour 4 : mardi 16 mai 2017

Lever du soleil sur le Gange

9.1 km

Ce matin nous mettons donc notre réveil à sonner à 5h00 afin d’admirer le lever du soleil depuis une barque naviguant sur le Gange.

L’activité est déjà intense sur les ghats ce qui nous permet d’observer la vie quotidienne des locaux. Nous comprenons que le fleuve sacré rythme leur journée. Comme écrit plus tôt : ablutions, baignades, lessives, vaisselles, jeux dans l’eau, moments de détente en famille, bains des bêtes sont autant d’utilités trouvées au Gange. En une heure, nous remontons l’ensemble des ghats du Assi ghat au Manikarnika ghat et sommes enchantés par cette activité incontournable. Nous apprenons que nous avions vu juste : le niveau actuel du Gange est très bas et remontera durant la période de mousson de juin à août. Cela explique pourquoi les marches des ghats sont à un moment donné peintes en rouge et blanc : cela indique le niveau maximum que peut atteindre le fleuve.

Dans notre to-do list, il est écrit « se baigner dans le Gange ». Que l’on s’entende bien, il n’a jamais été question que j’y plonge ne serait-ce qu’un orteil mais Benjamin se sentant l’âme d’un aventurier, avait envie de tenter l’expérience. Après une journée de flânerie sur les ghats au bord du Gange, cette envie lui est finalement vite passée et il se contentera d’une promenade en barque ! Est-ce les odeurs d’urine, les déchets flottants ou encore la possibilité d’y rencontrer un corps qui l’ont dissuadé ? Je ne saurais le dire mais il y a toutefois plongé la main.

Nous petit-déjeunons ensuite sur le rooftop de notre hôtel car la température n’est pas encore très élevée à 7 heures. Admiratifs devant ce panorama, nous nous enfonçons ensuite dans les ruelles des ghats.

Nous trouvons le Bana Lassi, un petit café à l’atmosphère paisible où il est servi une variété impressionnante de Lassis ! Nous y découvrons des associations plus appétissantes les unes que les autres, mais nos cœurs balancent finalement pour un Mango Lassi et un Mango Pinapple Lassi. Un vrai délice !

Jour 5 : mercredi 17 mai 2017

Doucement le matin, pas trop vite l’après-midi

5.2 km

Nous décidons de passer une journée au calme dans notre chambre d’hôtel afin de faire des recherches sur notre trek au Népal et avancer sur le blog. Nous ne résistons cependant pas à l’appel du Bana Lassi.

Nous souhaitons visiter les quelques temples de Varanasi mais après s’être renseignés, ces derniers ne sont accessibles qu’aux Hindous et les touristes n’y sont que peu acceptés [à priori, la présence d’un guide ou accompagnateur est un bon ticket d’entrée]. Nous choisissons donc d’aller à la découverte d’œuvres d’art plus hétéroclites : les rives du Gange sont en effet un espace très prisé du « Steet Art ».

Nous nous rendons donc à la cérémonie de l’Aarti mais sommes surpris par la pluie. Nous nous réfugions donc au restaurant Niyati : petit restaurant local qui ne paye pas de mine. Il ne faut pas se fier aux apparences car les plats qui y sont servis sont très bien cuisinés et joliment servis. Les prix défient toute concurrence ! Nous avions essayé deux jours plus tôt d’y dîner dans l’espoir d’en faire notre cantine, mais celui-ci était fermé. De tous les restaurants que nous avons testés à Varanasi, celui-ci est incontestablement le meilleur.

Jour 6 : jeudi 18 mai 2017

Derniers instants en Inde

14.9 km

Le réveil sonne à 5h15 car nous souhaitons faire une dernière promenade matinale sur les bords du Gange avant notre départ prévu ce soir en direction de la frontière terrestre de Sunauli. Nous avons flâné toute la journée avant de quitter l’hôtel en début de soirée.

Après un délicieux dîner au Niyati restaurant, nous prenons la direction de la station de bus Varanasi Cant, située en face de la gare de Varanasi Junction. Les rues sont bondées et nous nous amusons à parier avec un chauffeur de rickshaw que nous irons plus vite que lui à pied plutôt qu’installés à bord de son tuk-tuk : c’est sans difficulté que nous gagnons, sans pour autant avoir à nous presser !

À 22h30, notre bus démarre pour une aventure que Benjamin appréhende : traverser la frontière indo-népalaise par voie terrestre !

en un clin d’oeil…

Où dormir ?

KEDARESWAR B&B

Classé #6/207 sur tripadvisor

16 € la nuit en chambre double avec salle de bain privative, sans A/C, petits-déjeuners inclus. Une vue incroyable !

Où manger ?

Nous avons testé plusieurs restaurants à Varanasi et n’avons été convaincu que par le Niyati restaurant. Les plats sont délicieux et les prix très attractifs [ticket moyen pour deux : 350 INR incl. boissons]. Le Brown Bread Bakery possède un très agréable rooftop, mais la cuisine était décevante. Peut-être parce que nous avons trouvé un cheveux dans la salade ?

Comment s'occuper ?

Cérémonie Ganga Aarti
Balade sur le Gange
Promenade sur les ghats
Boire un Bana Lassi
Errer dans les ruelles

Combien ça coûte ?

Train Agra → Varanasi : 1,318 INR
Balade sur le Gange : 300 INR
Place de cinéma : 180 INR
Lassi au Bana Lassi : 60-100 INR
Eau 1L : 20 INR