Tahiti est en quelque sorte l’île oubliée des touristes, si nous la comparons à ses consœurs Moorea ou Bora-Bora. La majorité des visiteurs ne s’y arrêtent que pour une courte escale, avant de partir à la découverte de l’archipel. Pourtant, la plus grande des îles du Vent a bien des attraits, qu’il est possible de découvrir en deux à trois journées complètes. Pour notre part, nous y avons séjourné une semaine dont voici le récit.

Jour 1 : jeudi 22 février 2018

Revivre la même journée

6.6 km

Nous quittons une nuit plus tôt Katoomba, notre dernière étape australienne : en effet, la compagnie Air New Zealand a décidé de modifier nos plans à la dernière minute. Notre vol se retrouve annulé et nous sommes replacés sur un autre vol : cela a pour conséquence de nous faire passer une nuit de transit à l’aéroport d’Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Qui dit « nuit de transit » dit passage de la douane et entrée sur le territoire néo-zélandais : au programme, visa, déclaration, contrôle des bagages et de nos chaussures. Il s’agit là d’une bonne répétition de ce qui nous attend d’ici un mois !

C’est la première fois que nous avons une correspondance aussi longue et comme nous n’avons été prévenus que quelques jours plus tôt, le prix d’une nuit d’hôtel était trop important pour notre budget : après 10 mois de voyage, nous passons donc notre première nuit dans un aéroport et nous ne sommes pas les seuls ce soir. Il n’y a qu’une dizaine de fauteuils où s’allonger dans la zone des départs : autant dire qu’ils sont pris d’assaut. Nous recommandons les chaises rouges qui sont plus larges et permettent de s’y allonger.

Le vol est prévu à 11h15 mais ne décolle qu’une quarantaine de minutes plus tard. Dernières mesquineries de la compagnie : avec les tarifs « Economy », les films sont payants et les repas ne sont pas inclus dans les vols intra-pacifique.

C’est donc avec un grand soulagement que nous voyons apparaître à travers le hublot les montagnes de l’île de Moorea. Pour une raison inconnue, le pilote recommence sa manœuvre d’approche une seconde fois, ce qui nous permet d’admirer le coucher de soleil : une bien belle façon de commencer notre séjour en Polynésie française. Rien que cette dénomination sonne comme un doux et mélodieux son à nos oreilles !

Des joueurs de Ukulélé et une danseuse sont là pour nous accueillir, tandis que la douanière nous souhaite la bienvenue au soleil. Nous sommes surpris qu’aucun des bagages ne soit contrôlé : nous avions prévu toutes les factures de nos biens électroniques pour justifier nos achats et le paiement de la TVA en métropole. Dix années auparavant, Benjamin avait dû s’acquitter d’une taxe, plutôt onéreuse, pour faire entrer son ordinateur sur le territoire, alors qu’il y venait pour travailler.

Au final, cette journée a été longue et pour une bonne raison : nous rendre de l’Australie à la Polynésie française nous a fait passer la ligne de changement de date et cela ne fait pas loin de 48 heures que nous sommes le jeudi 22 février 2018 !

Jours 2, 3, 4 : du 23 au 25 février 2018

À l’heure polynésienne

28.5 km

Nous avons loué une chambre privée sur AirBnB chez Raiamanu et son fils Temere, deux tahitiens. À leurs côtés, nous passons nos trois premiers jours sur Tahiti à nous familiariser avec le vocabulaire de la région : l’atoll, le motu, le lagon, les passes et les points kilométriques ou PK [les distances sur l’île sont calculées à partir de la cathédrale de Papeete].

Nous découvrons également un fondement de la culture tahitienne : le fiu. Il s’agit d’un état de lassitude qui entraîne un manque certain de volonté. En réalité, « être fiu » est une excuse utilisée un petit peu pour tout, et surtout pour ne rien faire ! Il faut dire qu’avec la vue sur Moorea depuis notre balcon, du réveil au coucher de soleil, cela ne nous motive pas à sortir et à quitter ce panorama sublime.

Notre logement se trouve à Fa’aa, à quelques minutes seulement de l’aéroport, d’un côté, et de Papeete, de l’autre. Cette localisation est très pratique mais il s’agit d’une zone très urbaine, dénouée de tout charme. Nous ne trahirons pas un secret en écrivant que Papeete est une ville peu attractive et intéressante ! Nous décidons tout de même d’aller nous promener dans ses rues, peu animées.

Papeete est la capitale de la Polynésie française et regroupe donc de nombreuses institutions. L’architecture est peu attrayante mais est égayée par quelques fresques d’art de rue. Nous y trouvons très peu de boutiques, restaurants et bars. Fait étonnant, il y a toutefois un McDonald’s !

Nous marchons jusqu’au port puis dans les jardins de Pa’ofa’i qui sont très bien aménagés : pas de plage ni de zone de baignade ici.

Enfin, nous profitons de ces quelques jours de repos pour tester la préparation d’un met traditionnel : le thon rouge à la tahitienne. Voici la recette que nous avons testée pour deux personnes :
→ Découper 500 grammes de thon rouge cru ;
→ Couper en fins cubes deux tomates, trois carottes, un demi-oignon et un demi-concombre ;
→ Mélanger le thon et les légumes coupés dans le saladier, ajouter le jus de deux citrons verts et verser 300 ml de lait de coco ;
→ Assaisonner et déguster instantanément le tout, accompagné d’une bière locale : la Hinano.

Jour 5 : lundi 26 février 2018

Tour de l’île

3.7 km

La veille, nous avons tenté de louer un scooter afin de nous déplacer sur l’île et pour cela, nous nous sommes rendus chez le loueur « Éco car », situé à proximité de l’aéroport. Nous n’avons jamais eu aucun problème à louer de deux-roues en Asie [personne ne nous a jamais demandé un permis en y réfléchissant bien] et en métropole, Benjamin conduit un 125cm³. Nous avons donc été très étonnés de découvrir que la location d’un tel véhicule ne nous est pas autorisée ici, car Benjamin ne possède pas de permis moto. Nous avons donc loué une voiture de la gamme citadine, gamme la moins chère, pour 5,500 CFP par jour.

Nous partons ce matin en direction du nord. Nous traversons rapidement Papeete, malgré une circulation intense, pour nous éloigner de la zone urbaine.

Notre premier arrêt se fait au point de vue Tahara’a. La vue sur le littoral ainsi que sur le lagon est très belle. Nous apercevons toujours au loin, l’île de Moorea.

Nous nous arrêtons ensuite à la Pointe Vénus : un phare blanc se dresse, sur ce qui est le point le plus au nord de l’île. Son nom fait référence au débarquement de James Cook, navigateur venu observer la trajectoire de la planète éponyme en 1769.

Contrairement à la couleur de phare, la couleur du sable est, ici, noire. Nous observons les pêcheurs à travers le lagon et la séparation entre ce dernier et l’océan : les rouleaux des vagues sont imposants sur la barrière de corail.

Nous poursuivons notre route et observons la présence de très nombreuses églises au bord de la route. Les monts du centre de l’île nous accompagnent également.

Notre troisième arrêt est le trou du souffleur. Nous avons de la chance car la mer est très agitée, ce qui rend le phénomène bien visible. À intervalles plutôt réguliers, l’eau s’engouffre dans une cavité souterraine, creusée par l’effet de l’érosion. Ce liquide y est mis sous pression, jusqu’à être expulsé, telle le souffle d’une baleine. Le jet d’écume est puissant et le râle qui l’accompagne semble provenir d’outre-tombe. Côté mer, l’eau est également expulsée, la faisant jaillir sur le point d’observation.

Une plage de sable noire, bordée de cocotiers se trouve dans la baie : les vagues sont trop puissantes pour que nous nous y baignons, il n’y a d’ailleurs plus de lagon dans cette partie de l’île.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous nous enfonçons dans les terres pour accéder au site des trois cascades de Faarumai. Seule la cascade de Vaimahutu est accessible lors de notre venue, après deux minutes de marche. L’eau dévale la roche à plus de 100 mètres de haut.

Nous poursuivons notre chemin jusqu’à Taravoa, sur l’unique route qui fait le tour de l’île. Quelques habitations bordent la voie et la nature est luxuriante : nous nous sentons bien loin de Papeete à ce moment précis. De plus, de cette route, il est possible d’avoir une vue imprenable sur le relief de la presqu’île. Cette dernière est appelée « Tahiti Iti », « iti » signifiant « petit » en polynésien. L’autre partie de l’île est surnommée, elle, « Tahiti Nui ».

Sur la presqu’île, il y a trois routes principales que nous empruntons : toutes sont des voies sans issue et il faut donc y faire l’aller-retour. La première longe la côte nord : les paysages sont grandioses avec les sommets en arrière-plan. Elle nous conduit jusqu’au village de Tautira. Depuis sa plage, nous admirons le paysage, saluons les enfants qui sortent de l’école et observons les pirogues traditionnelles, appelées va’a, qui foncent sur l’eau du lagon.

La seconde route est celle qui mène au plateau de Taravao. Il faut noter que le loueur « Éco car » interdit de circuler sur les voies non carrossables. Comme la définition légale est un peu floue, ils énumèrent dans le contrat une liste de routes, non-exhaustive, et le plateau de Taravao en fait partie.

Il est également indiqué sur le contrat que des trackers GPS peuvent être installés dans les véhicules pour contrôler les trajets. Toutefois, nous ne résistons pas à l’envie d’aller jeter un coup d’œil à cet endroit. La route est très étroite mais très bien entretenue, sans trous, ni cailloux. Elle serpente à travers un paysage que nous ne nous attendions pas à trouver sur Tahiti : des grandes étendues d’herbe avec des vaches !

La vue depuis le Belvédère sur les deux côtés de la presqu’île, puis sur Tahiti Nui est tout à fait incroyable. Nous ne nous attardons pas, au cas où le tracker se mettrait en route, et manquons donc le plateau en lui-même, qui est situé un peu plus haut.

La troisième et dernière route nous mène à Teahupoo. C’est ici que se trouve l’une des vagues les plus dangereuses au monde, dû à la faible profondeur de l’eau. Ce n’est pas du tout la saison pour l’apercevoir mais la route est tout de même agréable car elle nous permet de rouler au bord de l’eau : il y a plusieurs endroits où la route se retrouve au même niveau que celui du lagon.

Après une journée bien remplie, nous faisons quelques courses au Carrefour de Taravao avant de rentrer à Fa’aa, réalisant ainsi le tour complet de l’île : la circonférence de Tahiti Nui fait 114 kilomètres.

Jour 6 : mardi 27 février 2018

En sens inverse

7.2 km

Nous repartons en milieu de matinée sur l’anneau circulaire de Papeete, en sens inverse. Nous prenons la direction du sud pour visiter les quelques points d’intérêts que nous n’avons pas eu le temps de voir hier.

La portion de Fa’aa au PK18 est très urbaine et peu attractive. Nous remontons jusqu’aux jardins d’eau de Vaipahi, qui constitue notre premier arrêt. Durant une trentaine de minutes, nous nous promenons dans les allées si bien entretenues du jardin. Les fleurs sont plus belles les unes que les autres et leurs provenances sont diverses.

Toute l’eau de ce jardin proviendrait du lac Vaihiria et serait donc sacrée. La légende raconte que seuls les morts du clan Teva pouvaient y être immergés. Toutes les étapes sont expliquées au travers de panneaux explicatifs dans les jardins.

Deux chemins de randonnées débutent de ce lieu et partent à travers la végétation sur deux et cinq kilomètres. Comme nous n’avions pas connaissance de cette information au préalable, nous n’avions pas emporté nos chaussures fermées et n’avons donc pu les explorer.

Nous roulons ensuite vers les grottes de Maraa, situées au bord de la route. Sur les trois, nous ne pouvons nous approcher que de deux. Lorsque nous arrivons, la grotte principale est occupée par de nombreux baigneurs et nous peinons à observer l’effet d’optique qui justifie l’arrêt. En effet, il semblerait que notre œil ne soit capable de détecter la réelle profondeur de la cavité. L’endroit est agréable mais pas incontournable.

Le troisième arrêt que nous faisons est le Marae Arahurahu. Un marae était utilisé par les anciens comme lieu de cérémonies. Construit sous forme rectangulaire à l’aide de pierres, le Marae Arahurahu est considéré comme le plus beau sur Tahiti, notamment depuis sa restauration. Nous nous y promenons et découvrons également à son entrée deux répliques de Tiki.

Nous cherchons à nous arrêter sur une plage : nous sommes étonnés de ne trouver que du sable blanc de ce côté de l’île. La plage du PK18 est la plus populaire et la plus longue, toutefois, il est important de noter que Tahiti n’est pas renommée pour cette activité. Nous faisons donc seulement un bref arrêt puisque la pluie vient nous surprendre.

Notre dernière étape se fait à Papeete, au Musée de la Perle Robert Wan. Son entrée gratuite nous permet de découvrir le processus de fabrication des perles. Nous apprenons ainsi qu’il existe six critères différents pour juger de leur qualité. Après la théorie vient la pratique : nous observons les différents bijoux proposés dans la boutique. Il faut débourser de coquettes sommes pour en faire l’acquisition : compter entre 20 000 et 30 000 CFP pour des boucles d’oreilles classiques.

Jour 7 : mercredi 28 février 2018

Vallée de la Papenoo

3.9 km

Ce matin, nous partons de bonne heure à la rencontre de Teuai, un guide de randonnées certifié qui propose également des excursions à la journée en 4×4 [7,500 CFP par personne ; pique-nique non inclus ; cette excursion nous a été offerte]. Accompagnés de six autres personnes, son objectif est de nous faire découvrir la vallée de la Papenoo. Située au centre de l’île, il faut emprunter des routes sinueuses et rocailleuses pour y accéder. Nous comprenons à présent pourquoi les loueurs de voitures de Tahiti interdisent de rouler sur cette voie, sans véhicule adapté.

Nous rentrons dans la vallée de la Papenoo par le nord de l’île, pour en ressortir, après plus de sept heures de découvertes, au sud via la vallée de Vaihiria. Teuai est l’un des rares à proposer cette traversée complète. En effet, les quatre autres compagnies que nous rencontrons aujourd’hui sur la route font toutes demi-tour à la moitié du chemin, pour réemprunter la même route en sens inverse. Il faut être un sacré pilote pour réussir à déplacer un véhicule dans cet environnement et ne pas éjecter par mégarde un passager au détour d’un virage serré : nous sommes contraints de bien nous tenir à l’intérieur du 4×4.

Au fur et à mesure de l’ascension, Teuai partage avec nous ses connaissances incroyables sur la flore. Nous découvrons ainsi l’odeur, semblable à celle du fromage bleu, du nonni. Très bon pour la santé, il servirait également de répulsif contre les moustiques, mais pas que…

Nous goûtons à la racine du Auti, une plante que la majorité des polynésiens possède autour de leur maison. Il est conféré à cette plante des pouvoirs magiques mais c’est surtout pour les attraits nutritionnels de sa racine que cette plante est populaire. Après avoir été cuite, cette dernière se conserve un an. Ainsi, elle était le met de choix pour les polynésiens qui avaient besoin de se déplacer en mer sur de longues distances. La racine se mâche et son goût sucré nous rappellerait presque le caramel.

Nous parlons également de l’arbre à pain, des différents stades de développement d’une noix de coco mais surtout de l’histoire de la vallée. Avant l’arrivée des missionnaires en Polynésie française en 1797, les tahitiens vivaient nombreux au cœur de la vallée. Une maladie a décimé la majorité de la population, qui a fini par se convertir au christianisme. Les traditions, telles que les danses et le tatouage, ont été interdites puis perdues pendant plus de 200 ans. Le tatouage en Polynésie n’a, par exemple, été réintroduit qu’en 1981, soit l’année de naissance de Benjamin.

Notre ascension se poursuit jusque dans la caldeira de l’ancien volcan : le paysage est tout à fait sublime. Toutefois, nous sommes surpris de trouver une rivière presque asséchée où les centrales électriques sont plus que nombreuses.

Nous montons toujours plus, jusqu’au relais de la Maroto, où il est possible de séjourner. Il s’agit d’une bonne base pour partir randonner dans les hauteurs de la vallée. Attention, les chemins ne sont pas balisés ici, il est donc nécessaire de partir avec un guide professionnel. Il est d’ailleurs temps de nous lancer dans une petite marche afin de rejoindre l’une des très nombreuses cascades de la vallée : il y en aurait 34.

Après avoir marché une vingtaine de minutes et traversé deux fois la rivière, nous atteignons la cascade de la Maroto. À son pied trône un bassin profond où nous nous baignons dans l’eau très fraîche mais vivifiante : une pause détente avant de repartir.

La météo tourne très rapidement dans la vallée et au moment d’apercevoir la plus haute montagne de Tahiti, le mont Orohena, celle-ci a le nez dans les nuages à 2,241 mètres d’altitude.

Nous passons de l’autre côté pour rejoindre la vallée de Vaihiria, via un tunnel de 800 mètres de long, creusé dans la roche. Pas besoin de chercher les issues de secours ici, il n’y en a aucune !

La vallée de Vaihiria est tout aussi belle et nous avons le plaisir d’apprécier la descente avec une vue en plongée sur le lac éponyme. Non loin, nous avons la chance de d’observer des pigeons verts, espèce endémique sur l’île.

Nous terminons cette journée en rejoignant Papeete depuis le sud de l’île. La vallée de Papenoo a été une découverte plutôt exclusive et nous la recommandons sans hésiter.

Nous observons notre dernier coucher de soleil derrière l’île de Moorea, que nous rejoindrons demain.

en un clin d’oeil…

Où dormir ?

AIRBNB

22,72 € la nuit en chambre double avec salle de bain partagée. Très très très sale !

Où manger ?

Nous avons fait nos courses au Carrefour tous les jours et cuisiné. Ainsi, nous avons dépensé en moyenne 200 XPF pour le petit déjeuner pour 2 personnes [lait, pain, beurre, fruits et muesli]. Pour le dîner, nous avons dépensé en moyenne par jour 1,074 XPF, incluant deux bières 33cl.

Comment s'occuper ?

Point de vue Tahara’a
Pointe Vénus
Trou du souffleur
Cascades de Faarumai
Plateau de Taravao
Teahupoo
Jardins d’eau de Vaipahi
Marae Arahurahu
Vallée de Papenoo

Combien ça coûte ?

Vol Sydney → Papeete : 403 EUR
Location voiture 1 jour : 5,500 XPF
Essence 1L : 128 XFP
Traversée ferry Tahiti → Moorea : 1,500 XPF
Eau : gratuite
Bière 33 cl : 183 XPF
Excursion vallée Papeeno : 7,500 XFP